Killian dans l'extrême Est

Nul ne sait exactement à quelle période de sa vie Killian alla au delà de la mer de Vilayet mais ce passage fut ancré au plus profond de son âme...

Année du rat noir,

L'Hyrkanie est un pays sauvage et presque intouché par l'homme. Ses immenses steppes sont inlassablement balayées par le vent et ses collines dénudées sont le seul paysage s'offrant au voyageur étranger. Son herbe jaune est sèche est en réalité souvent foulée par les plus grands cavaliers de l'Hyborie: les hyrkaniens.
Ce peuple à la peau dorée par le soleil des plaines et aux yeux bridés est essentiellement nomade. Descendants des Lémuriens ils se sont installés dans ces terres hostiles sous forme de cités-état dominées par le roi d'Aghrapur. Cependant, plusieurs tribus ont décidé de s'éloigner de la vie urbaine et de vivre dans les steppes ou les forêts en harmonie avec leur environnement.

Quelque part dans le Nord de l'Hykanie, un homme s'aventurait seul au milieu de la steppe. Il semblait peiner à marcher, luttant contre le vent sec et le froid. Les environs n'offraient que de lointaines montagnes enneigées ou des collines forgées par des siècles de bourrasques. L'homme, malgré son teint cuivré et ses longs cheveux d'ébène, était un cimmérien. Il semblait jeune et la rage de vivre dans ses yeux verts ambrés était immense. Son armure de cuir clouté lui semblait s'enfonçer dans ses épaules, l'attirant cruellement vers le sol, vers sa fin. De son sac en toile émanait une odeur putride de viande avariée, restes de son cheval qu'il a dû sacrifier pour survivre. Sa peau se craquelait par la soif et ses lèvres gercées s'étaient fendues à plusieurs endroits. Sa vue se troubla. Chacun de ses pas étaient comme un coup de burin dans tout ses os. Serrant les dents, il continua sa marche, la respiration sifflante mais ses pieds se dérobèrent et il tomba à genoux, tête vers le ciel. Il pensait avoir atteint les bout du monde, les reste de ces terres devaient être désertes et sans vie, le territoire des Dieux. Pour lui, sa curiosité avait attiré la colère divine et sa punition ne pouvait être que la mort.

Déjà il entendait les tambours de la fin. Le sol tremblait alors que le bruit se rapprochait. Le cimmérien écarta les bras pour accueillir la mort mais de l'autre côté de la colline, dans un panache de poussière, apparurent plusieurs cavaliers armés de lances. Ce n'étaient pas des dieux et les hommes armés encerclèrent rapidement l'étranger. L'un d'eux parla en Aquilonien avec un fort accent.

-Qui es tu, grand homme aux yeux clairs ?

-Soif ! siffla le cimmérien, les yeux clos par la fatigue.

-Lugda, donne de ton eau à ce pauvre homme.

Descendant de selle, le voyageur put voir son sauveur. Il avait la peau bronzée et rougie par le froid et ses yeux étaient réduits à deux petites fentes cachant des yeux sombres. Il portait des vêtements de fourrures, bridées par endroit de motifs géométriques colorés. Son épaisse tunique écu en laine et sa toque en peau de lièvre lui donnait une apparence de gros bonhomme. Il pencha la tête du cimmérien en arrière et présenta son outre à ses lèvres. Le liquide frais s'écoula dans sa gorge comme la bouffée d'air du suffocant. L'homme essuya sa bouche alors que l'hyrkanien reculait.

-Je me nomme Killian...je viens de Cimmérie et mes pas m'ont guidés loin de chez moi...dans l'espoir de trouver de grandes richesses...mais je vois ici qu'une terre sèche et le vent pour ennemi.

-Si toi intentions pas contre le peuple Hyrkanien toi invité un peu temps dans mon Clan. Toi monteras derrière moi, je me nomme Meiguin.

Ils galopèrent à travers les plaines asséchées et Killian en profita pour examiner ses nouveaux compagnons. Tous portaient plusieurs épaisseurs de tissus en laine, couleur poussière, et cette tenue se terminait, sous la ceinture, en robe sur les jambes. Sous leur toques de fourrures, leur visage était tel qu'il n'en avait jamais vu. Leur nez était petit et aplati, la forme du visage était plutôt ronde et leurs joues boursoufflées. Leur barbe et leurs longs cheveux noir corbeau se terminaient en tresses lacées avec des lambeaux de cuir.
Enfin Killian aperçut le campement: un regroupement de tentes basses et circulaires qu'il nommerait bientôt "yourte". Celles ci fumaient alors que le soleil commençait à se cacher derrière les montagnes. Des femmes et des enfants aux habits plus vifs travaillaient ou jouaient à l'extérieur. Il put voir des cadres à tanner les peaux, des fumoirs à viandes, une forge rudimentaire et un feu central où devait se réunir la tribu pour les repas et les événements. Il fut également surpris par la quantité de chevaux dans le camp, il devait y en avoir un pour chaque nomade. Meiguin se tourna vers lui alors qu'ils ralentissaient la course.

-Toi mon invité, je veux toi connaitre avant que toi ne partes.

Killian aquiesca d'un hochement de tête, surpris par la chaleur et la confiance de ce peuple. Tours les membres du clan se figèrent à l'arrivée des cavaliers. Tous fixaient le cimmérien en silence qui ne se doutait pas que sa vie allait être marquée à jamais car la richesse de ce peuple résidait ailleurs que dans des coffres...

Cette même année,

-Та энэ хоолонд дуртай юу? (Cela vous plait ?)
-Энэ мах сайн байна аа! (La viande est bonne !)

Killian ouvrit les yeux sur une toile beige mouvante. Le vent, dés le matin, soufflait de bonne force et la tente provisoire du chasseur ondulait comme un drapeau. Déjà les casseroles tintaient et le feu crépitait, laissant dans l'air une odeur de viande grillée. Le cimmérien se redressa et enfila une large chemise en lin pourpre par dessus son corps finement sculpté, cadeau de ses nouveaux amis.

Cela faisait maintenant 4 mois qu'il avait intégré le clan, entièrement accepté par ses membres. Il avait appris leur culture comme il avait enseigné la sienne. Killian avait adopté leurs tenues vestimentaires qu'il trouvait parfaitement adaptées au froid et à la mobilité et appris à monter habilement le cheval. De son côté il leur avait enseigné les méthodes de cuisson de la viande et la confection d'outils utiles en bois. Cependant il ne leur avait pas imposé sa langue, c'était à lui de comprendre l'hyrkanien et il connaissait déjà un large éventail d'expressions. En tant que célibataire, il n'avait pas le droit à une yourte, seules les familles ou les jeunes mariés pouvait bénéficier de cette véritable petite maison. Les soirs de grand vent il était biensûr invité à partager le thé dans la yourte de son fidèle ami Meiguin.

Killian sortit de sa tente à quatre pattes et rejoignit la grand famille regroupée autour de tranches de porcs grillant sur une plaque au dessus des braises.

-Сайн байна уу ! (Bonjour !)

Les hyrkaniens répondirent en chœurs à l'approche du cimmérien, la voix aigue et pincée des femmes dominant celle des hommes.

-Сайн байна уу Killian !

Le nouveau venu s'installa dans le cercle à côté de son ami Meiguin qu'il salua d'une tape chaleureuse dans le dos et partagea avec eux le repas dont il détenait la recette. Les femmes occupaient la moitié du cercle et les hommes l'autre moitié, cette ségrégation était dans leur culture et quand Killian leur expliqua la place des femmes dans son pays, son ami lui répondit: "Ici, les hommes et les femmes sont différents, ils sont séparés mais ils s'aiment alors ils se regardent dans les yeux".

Sanniangzi était juste en face de lui et ne put s'empêcher de lui adresser un sourire. Sanniangzi était une belle hyrkanienne, son visage était fin et pur, ses yeux en amande exprimaient une douceur et une sagesse surprenante, la lenteur et la précision de ses gestes lui donnait une exquise sensualité. On devinait sous sa robe colorée des courbes majestueuses et sa poitrine peu généreuse était compensée par ses cuisses et ses fesses. Elle croisa son regard et esquissa un sourire à son tour, plein de réserve et de joie dissimulée. Une de ses amies, ayant observé la scène , gloussa.

-Тэр намайг харж байна ! (Il te regarde !)

Meiguin engloutit le reste de son thé brulant et essuya sa barbe lisse et noire du revers de la manche. Il se leva et se tourna vers Killian.

-Viens moi chasser yacks ! Toi bon oeil et bon trappeur ! dit il d'un enthousiasme démesuré en Aquilonien approximatif.

Devant la joie de son ami Meiguin, il ne put refuser l'invitation et se leva à son tour, la chemise flottant au vent. Souriant, il trotta jusqu'à sa tente et prit son arc et ses flèches avant de rejoindre son ami à cheval.

Année du dragon rouge,

Plusieurs mois s'étaient écoulés, Killian parlait l'hyrkanien couramment, sa tente était devenue plus solide et plus confortable, un cheval lui avait été offert et il participait à la vie de cette tribu isolée tout comme s'il était l'un des leurs, vivant de chasse, de forge, de tissage et biensur de jeux. Sa relation avec Sanniangzi s'était améliorée tout en restant pudique, il ne connaissait pas encore les mœurs des hyrkaniens vis à vis de la relation sentimentale entre un homme et une femme. Il se contentait de partir galoper dans les vastes plaines avec elle et découvrir des vues surprenantes. Un jour il avait trouvé un lieu abrité du vent sur le flanc d'une montagne pour déjeuner. La vue qui s'offrait à eux était sublime: un lac bleu turquoise au milieu d'une plaine nue, tâchée de ci de là par des rares nuages qui passaient dans le ciel. Killian s'était dit qu'un jour il parlerait à Meiguin de son attirance pour sa cousine.



Le cimmérien traversa le camp de yourtes. Il était métamorphosé, on ne reconnaissait plus le barbare qu'il était à son arrivée. Il avait troqué son encombrante armure de cuir clouté pour un épais deel (semblable à une veste de kimono)kaki en laine qu'il nouait par une ceinture de cuir noire. Ses chausses couleur poussière étaient enserrées par des lanières de tissus pour une meilleure circulation du sang à dos de cheval et ses bottes fourrées étaient légères et souples. Comme la coutume le voulait, il portait également la toque en fourrure pour se protéger du vent. Cependant il avait gardé son fidèle arc cimmérien dont il refusait catégoriquement de se séparer. Il avait biensûr essayé les arcs hyrkaniens, très long et précis, mais il préférait le sien, court à double courbure dans un bois solide de son pays, doté d'une puissance supérieure aux leurs.

Killian s'approcha du "stand de tir", une simple poupée en bois et en paille pour s'exercer. Il prit une flèche dans son carquois, se contracta et vint ficher sa flèche dans ce qui ressemblait à la tête de la cible. Il s'apprêtait à en empenner une autre lorsqu'un grondement vint alerter ses oreilles. Lentement il se dirigea vers la source du bruit et vit alors apparaitre une cavalerie talonnant frénétiquement leurs montures. Ils étaient en armure et on pouvait voir à leur garde, de longs sabres recourbés. Tout aussi intrigué que lui, Meiguin sortit de sa yourte, curieux de voir de rares visiteurs. Le groupe, composé uniquement d'homme, portait des plaques sombres d'aciers par dessus leur deel et des heaumes se terminant en pointe.

Meiguin ,sur un ton chaleureux et le sourire jusqu'au oreilles, les accueillit alors qu'ils freinaient leurs chevaux.

-Honorables messagers du Clan Najmapur ! Que me vaut le grand plaisir de vous recevoir ?

Le cavalier en tête de file, possédant une armure plus ouvragée que tout les autres descendit de son cheval. Son visage était dur, impitoyable, accentué par sa moustache tombante tels deux fils noirs sur son menton. D'un ton autoritaire il s'adressa à Meiguin.

-Je suis venu me choisir une femme dans ton Clan maintenant que je suis veuf !

Son interlocuteur perdit le sourire l'espace d'un instant puis en afficha un autre, bien moins sincère. Ce que voyait Killian était tout autre. Selon lui, les nomades hyrkaniens se divisaient en clans, comme en Cimmérie, à la différence que certains étaient plus puissants que d'autres et exerçaient une pression sur les faibles. Au lieu de se faire la guerre comme ça aurait pût être le cas dans son pays, ici, les faibles devaient montrer leur soumission envers les forts pour éviter de se faire tuer. Killian senti une colère toute cimmerienne monter en lui, mais n'étant pas de cette région il se contenta d'observer la scène en silence, l'arc toujours en main.

-Mais...mais, qu'est il arrivé à votre femme ?

-Elle ne me satisfaisait plus, je me suis lassé. répondit le membre du Clan Namjapur sur un ton provoquant.

-Ho...bien. Meiguin s'inclina et tapa dans les mains.

Aussitôt toutes les femmes du Clan sortirent des yourtes et s'alignèrent devant le conquérant, les mains dans le dos, la tête baissée en signe de soumission. Il n'en revenait pas de voir tant de faiblesse, lui qui avait côtoyé des êtres bons, généreux et simples. Siannangzi, elle aussi, faisait parti des femmes à choisir et il retint son souffle lorsque le terrible hyrkanien en armure s'approcha d'elles. Comme on juge une marchandise il toisa chacune des femmes présente, s'attardant sur leurs formes avec un sourire pervers. Devant Siannagzi, il esquissa un grand sourire en voyant son visage puis porta sa main à son fessier sans aucune gêne. Cette dernière sursauta sous la caresse brutale alors que Killian désirait plus que tout abattre cet homme sur le champs, bouillonnant de rage. L'hyrkanien s'esclaffa et se retourna vers ses hommes et Meiguin.

-Haha ! tu me fais plaisir Meiguin, je vais choisir celle là. Dit il en indiquant de son index Siannangzi. Je reviendrais dans un an chercher mon dû.

D'une démarche lente et arrogante et rejoint son cheval et grimpa habilement dessus. Affichant un sourire malsain il déclara:

-Ne me déçois pas mon petit Meiguin...Tu sais ce qui pourrait arriver à toi et ta famille. Hahaha !

Le tyran ,prit d'un rire gras, s'arrêta en voyant le cimmérien pour la première fois. Les yeux verts-ambrés de Killian jetaient des éclairs et la sauvagerie contenue qu'il dégageait était presque palpable. Le membre du Clan Namjapur inclina la tête sur le côté.

-Un blanc habillé en Hyrkanien ? Tu achètes tes hommes dans l'Ouest maintenant ? Tu es si désespéré que ça Meiguin ? Haha !

L'hyrkanien et ses hommes ricannèrent avant de talonner leurs chevaux et galoper vers l'endroit d'où ils étaient venus, leurs rires encore audibles au loin. Meiguin, la mine déconfite, s'approcha de Siannagzi et lui murmura quelques mots avant de rejoindre sa yourte d'un pas lent. Cette dernière, contenant sa tristesse, retourna au salage des peaux, les larmes aux yeux. Killian, impuissant, se jura d'agir en cimmerien la prochaine fois qu'ils viendraient, dans un an.

Année du dragon rouge, quelques mois plutard.

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis la visite des cavaliers de Namjapur, le calme était revenu et chacun avait reprit ses activités. Cependant leur retour planait au dessus des nomades comme un sombre nuage, le temps qui passait les rapprochant un peu plus du déchirement. Killian avait achevé sa transformation, sa barbe autre fois hirsute de cimmerien et ses cheveux longs et sales avaient été coiffés par son attentionnée Siannangzi. Sa barbe se terminait maintenant en deux petites tresses au bout de son menton, ses cheveux furent lavés et lissés afin d'y ajouter une tresse, comme les autres guerriers de ce clan. En dehors de l'entrainement au sabre et de la chasse, il passait le plus clair de son temps avec sa nouvelle compagne, le lien qui les unissait se renforçant de jours en jours. Meiguin, son ami, ne voyait en cela qu'une amitié profonde et ne se doutait un seul instant des sentiments réciproques des deux êtres.

Un soir, toute la tribu se réunit autour du feu et chanta la gloire d'anciens héros hyrkaniens aprés le repas comme à leur habitude. La lune à son apogée, les nomades rejoignirent leur yourte respective, laissant Meiguin et Killian prés du feu. L'heure était venue, il fallait savoir. Le cimmerien s'allongea confortablement sur le côté, maintenu par le coude et s'amusa avec un bout de bois alors que le feu affaiblit crépitait.

-Dis moi, Meiguin, mon frère, comment doit faire un hyrkanien pour se marier ?

Meiguin resta là sans réponse, regardant les dernières braises avant de regarder son fidèle ami de l'Ouest.

- L'homme choisit sa femme. Aprés quoi, la yourte familiale est bâtie par les autres membres du clan et aménagée pour la nuit de noce. La yourte est plusieurs fois bénie par le chef du Clan et des offrandes sont laissés pour les nouveaux mariés.

Killian baissa un moment les yeux puis regarda à nouveau son compagnon dans les yeux.

-Je veux me marier avec Siannangzi.

L'hyrkanien bondit et s'approcha de lui à vive allure et le sermonna à voix basse.

-Quel mauvais esprit t'habite ?! Elle es destinée à un autre homme ! tu ne peux le doubler ! c'est interdit ! et si tu le faisais, nous mourrions tous, massacrés par le clan Namjapur !

Killian s'attendait à cette réponse et il se mit en face de son ami et déclara d'un ton ferme.

-Comment peux tu te montrer si faible Meiguin ? Tu vas laisser ta cousine partir avec cette ignoble personne sans être sûr de la revoir vivante ? Dans mon pays on se bat pour des valeurs, pour des principes ! On se bat pour déterminer qui est le plus fort ! Les hommes du clan Namjapur se confortent dans leur puissance et abusent de leur pouvoir sans passer par un seul conflit ! J'aime Siannangzi, je me battrais pour elle, et lorsqu'ils reviendront, nous leur montrerons que le Clan Wongri est plus fort qu'eux !

- J'aimerais que tes paroles soient vraies mais leurs guerriers sont plus forts que les notre ! La victoire n'est qu'une illusion !

- Je t'interdis de dire ça ! L'issue d'une bataille ne se prédit jamais, même par les plus grands chamans. Ils ne voient en nous que des êtres faibles mais nos flèches peuvent les atteindre !

Meiguin regarda son camarade cimmérien. La ferveur de son discours avait allumé en lui une petite flamme d'espoir, il resta un moment silencieux, à court d'arguments face à la ténacité de son ami Killian et le coeur emplit de doutes.

-Tu as peut être raison, on en reparle demain. acheva-t-il en se dirigeant vers sa yourte.

Killian espérait avoir éclaircit son ami, et il rejoint sa tente, se déshabilla et se glissa sous sa couverture en peau de yack. Pendant ce temps là, Siannangzi avait discrètement écouté la conversation en ouvrant un pan de l'ouverture de sa yourte. Furtivement elle se glissa à l'extérieur, sous les étoiles, le vent couvrant le bruit de ses pas et se glissa dans la tente de Killian. Cette nuit là, leur amour put enfin s'exprimer sans contraintes.

Année du dragon rouge, peu aprés.

Année du cheval de feu,

C'était le fameux jour, Siannangzi, dans la yourte, se fit le plus discrète possible. Le petit être qui gonflait son ventre était comme un trésor à protéger et, plongée dans cette demi-obscurité, les yeux écarquillés, elle écoutait le galopement se rapprocher. Les chevaux hennirent et enfin s'arrêtèrent. Selon elle, ils devaient être cinq. Soudain les premiers mots furent échangés.

-Meiguin ! Mon cher Meiguin ! Je viens chercher la femme que j'ai choisie, où est elle ?

Siannangzi n'entendit aucune réponse de son cousin, seule la voix forte et légèrement rocailleuse de Killian son aimé retentit à dans le campement, il s'approchait d'eux en martelant le sol.

-Tu ne viendras chercher personne, je suis marié avec la femme dont tu parles, repars dans ton Clan et ne reviens jamais.

Le silence s'installa, elle pu deviner le regard de braise et intense que s'échangeait les deux hommes.

-Toi, qui n'es pas hyrkanien, un maraudeur, un sale moins que rien, tu oses me tenir tête et m'insulter de la sorte. Moi ? Le grand Gujda, du Clan Namjapur !

Killian répondit sèchement, la voix sans faille.

- Je me fiche quel blason ou quel titre tu peux porter, tu es face à moi, d'homme à homme et seulement le combat à mort pourra nous départager. Approche sale chien !

Siannangzi fut paralysée à ces mots, cette provocation allait tout simplement attirer la fureur de Gujda et son mari serait tué et elle abandonnée aux mains de tyrans. Elle se tordit les mains convulsivement, regardant tout l'intérieur de la yourte. Les tentures pourpres, les couvertures de peau, les tapis brodés, cet endroit, à présent lui paraissait comme son cercueil.

Elle entendit un homme descendre de selle et mettre pied à terre, faisant tinter son armure. De l'autre côté, Killian fit résonner l'épée courbée en la sortant de son fourreau. Son adversaire fit de même et et dans un hurlement guerrier il courut vers le cimmérien pour croiser le fer.

Angoissée, Siannangzi se rua à quattre pattes vers l'entrée et écarta légèrement le tissu qui servait de porte pour regarder la bataille. Killian était simplement vêtu de son deel kaki alors que Gujda, bruyant, portait une lourde armure d'infanterie hyrkanienne. Le cimmérien parait les attaques de son adversaire, les jambes légèrement fléchies, en parfait équilibre alors que Gujda, avec toute sa sauvagerie faisait pleuvoir des coups inutiles, manquant à chaque fois de tomber, déséquilibré par sa tenue.

Killian, agacé de voir la faiblesse de des hyrkanien pour le corps à corps, esquiva une attaque et trancha le flanc de son adversaire.

-Aaargh !

Gujda tomba à genou. L'armure ,ne protégeant que la face et le dos du corps, était vulnérable sur les côtés et un liquide écarlate vint tacher la tunique de laine qu'il portait en dessous.

-Abattez le ! Battez vous !

Les 4 autres hommes du clan Namjapur se dépêchèrent de descendre de leur monture et se précipitèrent vers Killian en dégainant leurs sabres. Sûr de lui, Le cimmérien prit la direction opposée.

-Haha ! Il fuit !

Son sourire s'effaça aussitôt lorsque Killian revint avec un arc, déjà ajusté d'une flèche. Les quatre gardes eurent un moment d'hésitation puis continuèrent leur course vers lui. Il banda l'arc et libéra le premier trait qui se ficha à la base du cou du premier garde. Il prit une autre flèche et tira sur le deuxième qui s'effondra percé au niveau de la jointure entre le haut et le bas de l'armure. Lâchant son arc, il élimina le troisième en frappant violemment son arme contre la sienne pour baisser sa garde et, d'un revers, lui entailla le cou de moitié créant un geyser de sang.

Le dernier garde s'arrêta, apeuré, et recula alors que le cimmérien s'avançait, la joue recouverte du sang de son camarade. Effrayé, ce dernier s'enfuit, grimpant sur son chevalet détalant dans le lointain.

Il ne restait plus que Gujda, à genoux, le teint blafard s'étant déjà bien vidé de son sang. Il leva les yeux vers Killian, implorant.

-Non, pitié...

Le cimmérien, impassible, leva son sabre au dessus de sa tête.

-Attends ! Quel est ton nom, homme de l'Ouest ?
-Cela ne te servira à rien là où tu vas.

Sur ces derniers mots, Killian décapita le chef du Clan Namjapur. La tête roula vers le sol et les yeux dont la vie s'échappait se posèrent sur Siannagzi qui avait regardé le massacre depuis sa yourte. Il poussa un petit cri d'effroi et se réfugia à l'intérieur, s'attendant à voir Killian entrer à son tour pour la rassurer. Au lieu de ça elle entendit un ramasser des affaires et monter à cheval. Le silence se fit une fois que le galopement fut loin...