Premiere étape

La descente de la falaise avait été beaucoup plus dure que la montée comme avec plaisir les éléments s’étaient acharnés sur lui et il s’en était fallu de peu qu’il ne succombe à la tempête qui avait durée des jours. Les moindres connaissances que lui avait apporté son père ressurgissaient et c’est ainsi qu’il survécut se rendant compte alors que tous les prétendus jeux n’avaient eu comme objectif de le former à survivre dans le climat hostile et la faune et la flore de ces contrées.
C’est amaigri mais sec et dur comme du vieux cuir qu’il parvint enfin à un petit village dans les montagnes eiglophiennes situé il l’apprit plus tard à la frontière du Vanaheim et d’Asgard. Il fut reconnu comme cimmérien de souche et fut accueilli par les Aesirs qui lui offrirent le repos avant qu’il ne soit reçu par Wulfar le chef du village.


Le doux ronflement du feu résonnait dans la petite chaumière et Ghyl se sentait presque revenu chez lui. Il savait avoir été très affaibli et se souvenait d’une présence prés de lui le veillant pendant son repos qui semblait avoir duré plusieurs jours.
Une faim tenace le tenait et le doux fumet de nourriture lui parvenait d’un chaudron posé dans la cheminée. Il se leva les membres courbatus après ces jours de repos forcés et se dirigea lentement vers la cheminée tenaillé par la faim. Saisissant hâtivement bol et couverts sur la table il se pencha vers le feu se versant une grosse louche de ragoût et s’asseyant sur sol devant le feu, à couvert par une couverture se jeta voracement sur le bol laissant la chaleur du repas réchauffer son corps et son âme.

-« Et bien en voila des manières jeune homme, chez nous les repas se prennent à table », s’exclama une solide matrone de la porte d’entrée qu’in n’avait pas entendu totalement occupée à se sustenter.
Celle-ci avait un certain âge et il se sentit gêné malgré tout d’avoir été pris en flagrant délit dans la situation ou il se trouvait, à moitié dévêtu, mais la douceur de son sourire contrastait avec le ton sec de ses paroles.

-« Excusez moi petite Mère je ne voulais pas vous offenser mais j’avais faim », énonça-t-il comme une évidence.

-« Ah ces jeunes, lève toi mon garçon et assied toi à la table pendant que je vais chercher boisson et pain chaud pour toi », répondit elle accompagné par un rire puissant et un clin d’œil.

La matrone revint quelques minutes plus tard munie de ce qu’elle avait proposé et posa sur la table nourriture et lait devant un Ghyl salivant.

-« Je m’appelle Orcha et tu es en ma demeure, tu es arrivé il y a quelques jours déjà épuisé à moitié dans le coma et ayant quelques connaissances dans les simples c’est moi qui me suis occupé de toi ainsi que ma petite fille Yria qui n’ose pas rentrer d’ailleurs tellement tu l’impressionne », rigola-t-elle, pointant sa tête vers la porte.

-« Rentre ma fille il ne mord pas », hurla-t-elle, tendant un bras pour réajuster la couverture sur les épaules de Ghyl.

Une svelte jeune fille rentra alors frêle et blanche comme le lys, le bleu de ses yeux éclipsant le plus beau des ciels et ses lèvres rouges comme le sang attirant les baisers. Elle baissait légèrement la tête presque timidement mais ses longs cheveux d’or ne pouvaient cacher la lueur malicieuse qui brillait dans ses yeux saphir.
Elle alla s’asseoir prés de sa grand mère accompagnée d’un léger parfum que Ghyl semblait reconnaître.

-« Merci pour vos soins petite Mère, je m’appelle Ghyl et vous suis redevable », dit il se présentant enfin, ses yeux ne quittant pas Yria.

Les jours suivant passèrent dans une sorte de routine, Ghyl se rétablissait peu à peu participant de plus en plus aux corvées journalières se refaisant progressivement une santé, coupant le bois et divers autres travaux de force que Orcha et Yria trouvaient pénibles. Toujours il sentait les yeux saphir posés sur lui et il se faisait maintenant un plaisir de jouer au chat et à la souris guettant les moments où ils se frôleraient où tout autre signe d’intérêt.
Il avait été bien accepté par les membres du village, son cercle de connaissance s’agrandissait de plus en plus d’ autant que Wulfar semblait l’avoir pris en amitié n’hésitant pas à lui dire de rester, lui accordant une hospitalité illimitée.

Ghyl attablé finissait de lustrer l’arc qu’il venait de finir, vérifiant la tension de la corde et la rectitude de la vingtaine de flèches confectionnées et empennées.

-« J’irais chasser demain petite Mère », dit il à Orcha. »Farnir m’a indiqué un bon coin dans les collines lorsque je lui ai parlé de mon intention .Je te prendrais juste un peu de grain et ce soir nous aurons de la venaison ».

-« Comme tu veux mon garçon mais ne t’éloigne pas trop les loups rodent et ces chiens de Vanirs deviennent de plus en plus audacieux, se rapprochant un peu trop des villages », répondit elle, le fixant de ses yeux brillants à la lumière des flammes.

-« Je peux l’accompagner Grand Mère je ne risquerais rien avec ce grand chasseur », ironisa Yria, un sourire moqueur aux lèvres.

-« Non ma fille tu resteras avec moi, la chasse est histoire d’hommes et surtout j’ai besoin de toi Andria arrive à son terme et deux mains supplémentaires ne seront pas de trop l’accouchement s’annonce difficile ».

L’air boudeur d’Yria montra bien son mécontentement mais la lueur calculatrice au fond de ses yeux montrait bien qu’elle ne s’en tiendrait pas là

Ghyl se prépara à l aube prenant un léger havresac contenant quelques provisions et de quoi faire du feu plus diverses petites autres choses. Il ceignit sa ceinture portant les deux courtes haches, cela faisait quelques temps qu’il ne les avait plus portés et leur poids lui paraissait inhabituel.
Chaudement vêtu, son arc à la main, il sortit silencieusement de la chaumière veillant à ne pas réveiller les femmes. Il espérait que la chasse serait fructueuse.

S’élançant à petite foulées il partit vers les proches collines qu’on lui avait indiqué ne prêtant pas attention à la furtive silhouette sur ses talons.

Cela faisait des heures qu’il pistait cette biche, les traces étaient de plus en plus fraîches et nettes et il s’avait que sa proie était proche. S’approchant d’un arbuste sur lequel subsistaient encore quelques feuilles il déposa à son pied le grain rapporté et avisant l’arbre adéquat à proximité se jucha sur une basse branche préparant son arc et prenant son mal en patience. L’attente ne fut pourtant pas longue, une timide créature couleur fauve se glissait lentement d’arbre en arbre s’approchant progressivement de l’arbuste.
Ghyl fronça les sourcils apercevant à une certaine distance de furtives formes grises se rapprochant rapidement. Aurait il le temps de tuer la biche et de la hisser sur une branche avant l’assaut des loups ? Il décida de prendre le risque et sans attendre encocha une flèche qu’il pointa vers sa cible.
La flèche fila droit perçant le poitrail pour s’enfoncer profondément dans le cœur de l’animal. La biche s’abattit foudroyé tandis que Ghyl bondissait déjà au sol saisissant sa proie pour la déposer sur une branche. Il y parvint in extremis sentant des mâchoires lupines claquer à quelques centimètres de ses bottes.

Commença alors une longue attente Ghyl décochait flèches sur flèches sur les membres de la harde qui s’obstinaient à attendre aux pieds de l’arbre parvenant à en abattre certains mais il arriva vite à court de munitions et trop de loups le guettaient encore de leurs yeux mordorés.
Les gueules velus se dressèrent soudain humant l’air, les fauves semblèrent se fondre dans la nature alors que s’élevait un léger bruit de pas étouffés par la neige. Tournant la tête il vit apparaître une fine silhouette emmitouflée dans une vaste fourrure mais les yeux saphirs brillants sous une vaste capuche ne laissaient nul doute sur l’identité de leur propriétaire.

YRIA

Par Crom, Ghyl percevait la tension des loups dans l’air alors qu’ Yria avançait furtivement ne voyant pas les pales fantômes qui faisaient déjà mouvement pour encercler leur nouvelle proie. Réagissant rapidement Ghyl sortit sa dague ouvrant une large plaie dans la gorge de la biche afin que le sang s’en écoule a flot pour attirer les loups.
Précipitant le cadavre encore chaud au sol il bondit à terre et partit en courrant comme la foudre vers Yria, crochant son bras au passage priant pour que les loups s’attardent sur le corps de la biche encore fumant dans la neige.
Courant sur plusieurs centaines de mètres portant quasiment Yria qui ballottait telle une poupée dans ses bras il se risqua à jeter un œil en arrière.
Trois éclairs de fourrures les poursuivaient gagnant rapidement du terrain sur eux.
Deviant de sa course Ghyl atteignit un arbre au large tronc y adossant Yria faisant immédiatement volte face pour affronter les trois loups ces haches déjà en main.

Les trois loups grondaient sourdement, le cou hérissé, leurs babines retroussées mettant à jour des crocs acérés baignant de salive. Ils attaquèrent alors de concert cherchant à l’épuiser alors qu’il virevoltait dans les airs d’un coté à l’autre protégeant toujours Yria de son corps tout en essayant d’esquiver les attaques.

Il lança soudainement une hache, le fer encore frémissant à l’impact fracturant un crâne gris et velu. Une douleur cuisante au mollet lui apprit que pendant le court moment de son lancer une mâchoire fulgurante avait tranché sa chair loupant de peu les tendons de sa jambe.

Plus que deux, mais ceux-ci s’acharnaient encore pressant même de plus en plus leurs attaques. Profitant d’un léger relâchement dans le rythme des attaques des derniers fauves il enroula sa lourde cape de fourrure autour de son bras l’utilisant comme protection contre les cruelles morsures. Cette protection fut bien dérisoire face à la fureur animale mais après de nombreuses feintes et attaques il parvint quand même à porter un coup puissant sur l’échine d’un animal brisant la colonne vertébrale de l’animal geignant. A la mort de celui-ci le dernier loup préféra battre retraite échaudée par la mort des deux membres de sa harde.

Le combat avait fait couler le sang et Ghyl souffrait de multiples petites lacérations heureusement peu profondes au contraire de la plaie à son mollet.

Il était épuisé son endurance avait été mise a rude épreuve dans la confrontation et seule l’expérience acquise auprès des mercenaires lui avait permis de survivre à ce combat. Il se promit de refaire des que possible les exercices appris et de s’exercer le plus possible pour éviter de s’empâter et de tomber dans une routine qui pourrait lui être fatale.

Un léger choc contre son dos alors que deux bras fins et souples comme des branches de saule se glissent autour de son torse légèrement frémissant après les épreuves passées.
Un des petites mains se pose comme un oiseau sur son cœur battant encore a un rythme rapide après les efforts fournis.

-« Ghyl », chuchote une petite voix dans laquelle subsiste encore un reste de tension. Yria est cimmérienne, fille des montagnes, habituée à la rude vie de ces lieux et elle résiste à la dureté des événements ne voulant pas affliger son compagnon par des cris et des pleurs de fillette.

Il reste là, debout, savourant le contact contre son dos et si son cœur bat toujours la chamade ce n’est plus à cause du combat mais d’Elle.
Il se retourne doucement et la prend dans ses bras se laissant enivrer par son parfum naturel et le souffle chaud qu’il sent glisser le long de son cou.
Ghyl se sent bien.

La dure réalité le rattrape comme le choc d’un cheval au galop alors que résonne le hurlement des loups. Il faut faire vite, si la meute est affamée elle ne se contentera pas de la biche et se rabattra sur eux et dans son état de fatigue il ne fera pas le poids.
Se baissant rapidement il utilise la charpie de ce qui reste de son manteau de fourrure afin de bander la plaie la plus importante de son mollet véritable signal de sang pour les sens affûtés des animaux.
Il empoigne la main d’ Yria et part précipitamment vers les montagnes fuyant le danger quadrupède qui est déjà peut être sur leurs talons. Ils cheminent rapidement, avares de paroles économisant leur souffle afin de mettre le plus de distance possible entre eux et le danger.

C’est à la nuit tombante qu’ils parviennent aux contreforts des montagnes. Les loups ne les ont pas suivi mais ils ne sont pas sortis de leur peine. Un danger s’est substitué à l’autre, la nuit arrive, nouvelle ennemie accompagnée du froid.
Ghyl pourrait s’en sortir pour une seule nuit mais il craint pour sa compagne dont la petite main repose toujours dans la sienne, confiante suivant sans se plaindre le rythme rapide de la marche difficile.
Il observe la montagne de ses yeux perçants profitant au maximum des dernières lueurs du jour, cherchant une grotte pouvant leur offrir une relative protection et sécurité pour cette nuit.

Ca y est. Sur la surface grisâtre rocheuse apparaît un trou noir, nombril d’obscurité sur la paroi monolithique. Ils s’y dirigent rapidement ramassant au passage le plus de bois sec possible afin de faire un petit feu.
Enfin ils font au puit de noirceur les bras chargés de branchettes et brindilles. Ghyl hume l’air cherchant une odeur animale dans la grotte mais il perçoit seulement l’odeur froide et minérale de la glace et de la roche. Sortant son silex il allume une torche confectionnée a la hâte avant de pénétrer plus en avant.

Ils s’avancent doucement la flamme de la torche créant des reflets dans la grotte, la nimbant d’un éclat qui se réfléchit de parois en parois comme à l’intérieur d’un prisme géant.
Ils s’éloignent de quelques mètres de l’entrée se protégeant de la vague de froid nocturne qui semble déferler soudainement.
Une fois le petit feu allumé sur un sol de roche lisse ils se nourrissent rapidement après qu’Yria ait de son mieux soigné les blessures de Ghyl. Pas un mot n’est échangé mais leurs regards et leurs gestes parlent pour eux. L’expansivité n’est pas leur fort mais pourtant à cet instant précis ils sont surs de leurs sentiments.

C’est tout naturellement qu’ils s’allongent cote à cote, couverts par tous les vêtements en leur possession, à proximité du feu partageant leur chaleur et leur amour alors qu’enfin s’unissent leurs lèvres.
Les baisers se multiplient et une chose en entraînant une autre ils partent à la découverte de leurs corps, découvrant, explorant, apprenant et aimant.
C’est comblés et harassés qu’ils s’endorment enfin dans la douce tiédeur de la grotte bercés par le ronflement des flammes et jouissants l’un de l’autre.

Aucun d’eux n’aperçoit la légère brume iridescente apparaissant comme née du néant au fond de la grotte. Celle-ci croit en épaisseur et en longueur prenant l’aspect d’un serpent,glissant sur le sol prés des corps et du feu,celui-ci perdant en puissance et volume, pour se diriger vers l’entrée de la grotte,se redressant et s’étendant jusqu’à former un mur de brume. Avec de petits craquements le mur se cristallise jusqu’à devenir aussi dur que de la pierre, véritable bouchon de glace bloquant la sortie.

Ghyl se réveille doucement et à la pale lueur rougeoyante des braises du feu mourrant après cette nuit contemple le doux visage d’Yria posé sur son bras.
Il goûte l’instant et la chaleur de la grotte.
La chaleur !!!! Il fait même trop chaud se dit il les sourcils froncés.
Son regard glisse vers l’entrée de la grotte. La lumière apparaît légèrement distordue et l’air semble bizarre.

Il se lève lentement veillant à ne pas réveiller Yria dormant encore. Un léger frisson parcourt son échine alors qu’il se dirige vers cet étrange phénomène faisant face à un mur translucide occultant la sortie.

-« Ghyl, qu’est ce qu’il y a ? », chante à ses oreilles la voie d’Yria réveillée par son absence contre elle.

-« Rien ma Douce «, dit il d’un ton nonchalant »ne t’inquiètes pas ».

Il s’approche d’elle toujours enfouie sous les fourrures. S’agenouillant il embrasse les douces lèvres roses goûtant leur arome de framboise.

-« Habille toi mon Amour, la magie est venue nous côtoyer cette nuit, l’entrée est bloquée », lui souffle t il.

Se redressant il sort une hache, se rapprochant du mur afin d’y assener un coup puissant. Il recule instinctivement sous la morsure des petits éclats qui constellent sa peau fondant déjà à la chaleur de son corps. Si il continue il finira criblé de milles parts d’autant plus que la fissure crée dans le mur semble déjà se refermer d’elle-même par une étrange magie.
Inquiet il scrute la grotte, son regard s’attardant sur le feu mourrant avant de se diriger vers le fond de la grotte qui semble être désormais leur seule solution pour quitter ces lieux.

-« Nous devons trouver une autre sortie, j’aurai beau m’acharner sur ce mur je finirai seulement par finir déchiqueté et le feu est trop faible pour servir à quoi que ce soit », lui dit il.

« Je n’ai pas peur avec toi mon héros », lui renvoie t elle d’un petit ton moqueur un large sourire aux lèvres et les yeux brillants comme des saphirs.

Se préparant rapidement ils finissent alors que la dernière braise s’éteint.
Une pale lueur apparaît dans la grotte, à peine suffisante pour guider leurs pas, semblant les inciter à suivre un parcours en particulier.
Ils pénètrent ainsi dans le ventre de la montagne perdant toute notion du temps alors qu’ils poursuivent leur chemin. De temps en temps résonne au dessus d’eux le craquement sec des lourds blocs du glacier .

Ils arrivent enfin dans une vaste caverne peuplée de stalagmites et stalactites de glace de toutes tailles, au dessus d’eux un vaste dôme de glace permet à la lumière d’y pénétrer l’éclairant comme en plein jour.
Ils s’arrêtent pour se restaurer avec les dernières miettes de leurs provisions buvant l’eau coulant le long des dents de glace des stalactites. Obnubilés l’un par l’autre ils ne se quittent pas, leurs yeux toujours se cherchant, leurs corps toujours à proximité qui par un baiser qui par le contact de leurs mains.
C’est pourquoi c’est presque avec surprise qu’ils constatent qu’au fond de la caverne semble se trouver une construction faite par des mains humaines.
Celle-ci étincelait de blancheur au soleil, ils pouvaient voir de larges colonnes couvertes d’une rude écriture encadrant un court escalier menant à l’intérieur.

Ils s’approchent et pénètrent dans un monde de blancheur, la vaste salle n’est occupée que par un puits bouillonnant d’où s’échappe une odeur froide et amère. A l’autre bout de la salle trois statues. Deux puissants tigres à dents de sabres et une superbe femme siégeant sur un trône encadré par les fauves d’albâtre.
Même à cette distance Ghyl perçoit le luxe des détails avec plus de couleur c’est une créature vivante à laquelle il ferait face.

Precautionneusement il se dirige vers le puits et Ghyl trempe un lambeau de tissu dans cet étrange liquide et lorsqu’il l’en ressort celui-ci est aussi cassant et friable que des miettes de pain, se brisant net dans sa main lorsqu’il l’empoigna.
Ils se rapprochent de la statue, une fois de plus stupéfait par la perfection de l’œuvre réalisée il lui semble même apercevoir les pores de la peau et les longs cils sur ces yeux fermés.

Ghyl rapproche son visage à quelques pouces du visage de la statue de femme et alors que s’ouvrent les paupières d’une blancheur d’ivoire il est heurté dans le dos par un corps massif l’assommant sur le coup alors que retentit un rugissement bestial.

Ghyl ouvrit les yeux .Blessé par la blancheur étincelante il les plissa de suite une douleur lancinante dans le dos au niveau de ses omoplates. Il gisait tel un mourant sur une table ses membres engourdis par le froid maintenus par des chaînes d’acier attachées au quatre coins de la table. Il sentait sa peau adhérer, collée au métal par le froid extrême en elle.
Il redressa la tête en quête d’Yria et l’aperçut écartelée sur une sorte de chevalet suspendue au dessus du puits bouillonnant à proximité de la femme de glace revenue à la vie et de ses familiers. Ceux-ci semblaient aussi revenus à la vie et percevant son mouvement se tournèrent d’un bloc vers lui un grognement sourd jaillissant de leur gueule.

-« Te voila réveillé, tu vas assister au sacrifice de ta compagne et après ton tour viendra. Votre chaleur nous a réveillé et nous allons nous en repaître. Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes nourris et le puits nous transmettra votre énergie. J’attendais ce moment depuis longtemps, avec une grande impatience », dit elle d’une voix aussi froide qu’un iceberg alors qu’un sourire maléfique ornait ces lèvres fines comme des lames de rasoir.

Levant la main le chevalet commença à descendre comme par magie une Yria hurlant des injures tentant de se libérer vainement.
Criant de colère Ghyl tirait comme un forcené sur ses chaînes sentant sa peau se déchirer alors qu’elle se détachait du métal. Ses muscles saillaient comme des cordes et se gonflaient alors qu’il s’arc-boutait sur la table comme un loup pris au piège.

Les pieds d’Yria entrèrent en contact avec l’étrange liquide occupant le puits et ses cris s’éteignirent alors qu’un froid inhumain envahissait ses jambes les gelant dés leur contact, les transformant en glace. La souffrance était telle que son corps se tétanisait et toute couleur disparaissait de son visage alors que ses yeux laissaient éclater la douleur la possédant soudainement.
Voyant cela Ghyl se déchaîna comme un animal sauvage et avec un tintement clair les chaînes se brisèrent laissant pendre à chaque extrémité de ses membres des chaînes de quatre pieds de long.

Il se précipita vers la femme pour se retrouver face aux fauves ayant réagis à la vitesse de la foudre grondants et feulants vers lui leur colère.

Ghyl enroula les restes de chaînes autour de ses avants bras se créant ainsi une protection métallique malgré le froid de l’acier. Tendu comme un câble il s’approcha guettant les bêtes, offrant son dos au mur afin d’éviter toute attaque sournoise par derrière.
Les fauves attaquèrent de concert le pressant de toute part, lançant crocs et griffes qui par chance ne faisaient que heurter le métal.

Le jeune cimmérien était pris de frénésie, le temps semblait avoir ralenti alors qu’il anticipait les attaques faisant égalité avec les animaux. Il bondissait, virevoltait, esquivait, se rapprochant de plus en plus de sa cible complètement obnubilé par elle.
Arrivant à bonne distance il laissa pendre la chaîne d’un de ses bras et tel un fouet lança celle-ci vers la femme encerclant son cou dans une étreinte d’acier lui créant ainsi un mortel collier.

Celle-ci y porta les mains, surprise, l’incrédulité se peignant sur son visage alors que Ghyl tirait brusquement sur la chaîne l’attirant à proximité du bord du puit où elle resta un moment immobile avant d’y chuter accompagnée d’un cri exprimant toute sa colère et sa peur.

A celui-ci succéda le silence, les tigres restaient immobiles statufiés après la disparition de leur maîtresse et seul résonnait désormais le bruit de la respiration haletante et les halètements de douleur d’Yria.
Le chevalet s’était immobilisé à la disparition de la femme de glace et le corps d’yria était à moitié plongé dans l’étrange liquide.
C’est avec difficulté qu’il recupera le corps d’Yria évitant tout contact avec le liquide qui semblait avoir transformé la partie inférieure du corps en glace mais par quelque mystérieuse alchimie le processus de glaciation continuait son œuvre et Yria souffrait le martyre, seul un léger souffle de vie s’échappait encore de ses lèvres.

Il se pencha approchant son oreille de sa bouche.

-« Mal j’ai si mal », souffla t elle.

Ses yeux le regardaient, l’implorant, le suppliant de faire cesser la douleur et ce quelque en soit le coût.

Comme un somnambule Ghyl se leva lentement et titubant se dirigea vers ses affaires entassées dans un coin. Y fouillant il en ressortit la dague de sa mère d’une main tremblante.
Revenant aux cotés de son amour il s’agenouilla près d’elle lui montrant ostensiblement la lame dans sa main qu’elle contempla ses yeux exprimant sa muette approbation. Il se pencha sur elle et l’embrassa doucement alors que la dague plongeait sans heurt dans le cœur de son aimée.
Un fin sourire ourlait la bouche qu’il avait baisé et à laquelle il ne goûterait jamais plus alors que s’éteignait le dernier souffle de vie et que disparaissait toute étincelle dans les yeux saphirs.

-« Yyyyrrrriiiaaaa », hurla t il le son se répétant en échos multiples dans la caverne.

Laissant mourir son hurlement il s’allongea sur le sol fermant les yeux dans l’attente de la mort qui il l’espérait ne le ferai pas trop attendre.

Yeux clos il laisse la noirceur de la mort l’envahir pourtant une étincelle virevoltante apparaît sous ces paupières et prend la forme souriante et aimée d’Yria. Ses yeux s’humidifient mais il ne pleure pas, ce n’est pas ce qu’elle voudrait. Elle le regarde et lui fait signe de partir, de ne pas l’accompagner dans son parcours. Il la rejoindra le moment venu et celui-ci n’est pas encore arrivé.

Ses sens se réveillent laborieusement, il ne sait pas combien de temps à passé mais son réveil est du au léger bruit de pas et de paroles qu’il a perçut.

-« Je te l’avais bien dit, cette grotte est magique et on dit que la sorcière qui la garde possède un trésor fabuleux, notre fortune est faite », chuchote une voix masculine.

Le bruit de pas cesse et il sent des regards se poser sur lui et sur le corps gisant à ses cotés. Il ne bouge toujours pas laissant les choses arriver, pris dans une spirale de fatalisme incommensurable.

-« Mais qu’est ce que c’est que ça », s’exclame une nouvelle voix.

Le bruit des pas se rapprochent et il sent la pointe d’une botte heurter ses cotes lui arrachant un léger gémissement. Il tente de se redresser alors que s’abat sur son crâne un coup violent le plongeant dans la nuit.

Une douleur lancinante au crâne vers laquelle il porte la main sentant sous ses doigts ses cheveux encroûtés de sang. La douleur lui parait lointaine il semble comme anesthésié. Regardant mécaniquement autour de lui il constate qu’il est enfermé dans une petite cage dans laquelle il ne peut tenir qu’assis ou accroupi. A coté de lui d’autres cages contenant qui un homme qui un animal.

Quelques jours passent suivant le même rituel, ils sont nourris une fois par jour puis sortis dans une petite cour afin de se dégourdir tout cela sous les regards d’hyperboréens taciturnes qui leur interdisent toute parole. Ghyl se nourrit mécaniquement comme tout ce qu’il fait d’ailleurs. Son esprit est encore prisonnier de l’acte qu’il a commis et reste enfermé comme dans les murs d’une prison.

De temps en temps les cages sont vidées et remplis. Hommes, bêtes sont amenés par paire à l’extérieur d’où retentissent cris et exclamations alors que n’en revient qu’un sur deux.
D’après ce qu’il comprend un chef hyperboréen organise des combats pour son plaisir et celui de ses convives remplissant ses cages de tout ce qu’il peut voler ou chasser.

Un jour la porte de métal de sa cage s’ouvre en grinçant alors qu’un rugueux hyperboréen l’incite à sortir alors qu’à proximité il voit une cage contenant un loup transporté par plusieurs hommes. Il se lève comme un zombie et précède docilement le garde sentant à peine la pinte de la lance posée sur son dos.
Des cris et des acclamations saluent son entré dans une sorte d’arène. Le bruit blesse ses oreilles mais il ne montre aucune réaction, ses yeux vides de toute émotion glissent sur les visages vociférants tout autour de lui, les yeux brillants dans l’attente du combat à venir, échangeant pièces et valeurs pour leurs paris.

Sur une sorte d’estrade siège un large et puissant hyperboréen, semblable à un roi barbare ses yeux brillent d’une lueur malsaine alors qu’il évalue Ghyl du regard .Il se retourne vers un des guerriers prés de lui et glisse une poignée de pierreries dans sa main.

La porte se referme derrière Ghyl. De l’autre coté de l’arène il voit le loup écumant encore retenu par une épaisse chaîne disparaissant par un trou sur le coté de la porte.

Avec un léger cliquettement la chaîne est soudainement lâchée et le fauve s’élance droit vers lui visant la gorge.
Distraitement Ghyl regarde l’animal courir vers lui et bondir à sa gorge.
C’est l’instinct pur et le souvenir d’yeux saphir qui le fait agir. Alors que le fauve allait refermer ses mâchoires d’acier Ghyl interposa son avant bras et la gueule lupine se refermant puissamment sur son membre allumant enfin une lueur de vie dans ses yeux vides.

La douleur parait lointaine pourtant elle le pousse à réagir. Sans avec une rage primitive il saisit une patte de l’animal, dont les mâchoires sont toujours crochées dans sa chair, et la retourne brusquement brisant net l’articulation de l’animal qui émet un sourd geignement. Se laissant tomber de tout son poids il s’écroule de tout son poids immobilisant le fauve. Ecartant la tête velue de son avant bras il expose la gorge palpitante de la bête dans laquelle il enfonce ses dents comme un animal sauvage, arrachant la peau, fouillant les chairs jusqu'à atteindre les veines qu’il déchire de plus belle égorgeant l’animal.

Le silence règne sur l’arène le chef a moitié redressé sur son siège le fixe d’un regard exprimant son incrédulité et sa colère pour ce combat qui a été aussi rapide que violent.

-« Vous les cimmériens etes vraiment des sauvages », rauque t il.

-« Voyons comment tu te débrouilleras contre trois animaux. Je vais cependant être magnanime nous ne sommes pas des animaux nous, je te fait le grand honneur de te prêter ma dague pour le combat à venir », termina t il en riant grassement.

D’un geste négligeant il tire une dague décorée d’or et pierres précieuses de son fourreau, lançant soudainement la lame dans sa direction celle-ci se plantant avec précision entre ses deux pieds, tremblant encore sous la puissance du lancer.
Ghyl se penche et prend le manche dans sa main, son bras se contracte et il sent ses doigts craquer sous la pression qu’il exerce sur le poignard et sans prévenir le bras tendu comme un arc de fer il relance souplement et avec force la lame vers l’hyperboréen qui se protège instinctivement en plaçant sa main sur la trajectoire du projectile.
C’est un murmure incrédule qui se propage alors que tous les regards se tournent vers le chef. Celui-ci est assis sur son lourd fauteuil comme une masse, sa main est portée à sa gorge. Le lancer a été tellement puissant que la lame a traversé la large main pour se ficher dans la gorge empalant la main en une parodie de caresse alors que le manche saillant doré créait une excroissance contre nature sous la large mâchoire.

Un silence soudain suit, menaçant , semblable au calme succédant à la tempête. Et soudain la tempête éclate sous la forme de multiples vociférations de haine et de colère, des poings se tendent réclamants leur part de sang alors que des hommes se levent et commencent déja à sauter dans l'aréne se ruant vers lui.

Ghyl attend calmement la mort qui vient le chercher, ainsi il est l'heure d'aller retrouver tous les êtres aimés mais il ne se rendra pas sans combattre il apportera avec lui des âmes honnies pour Crom.

Il éclate de rire, un rire fou, sauvage qui le met en état de transe. Il n'est plus un être humain mais la mort personnifiée alors que le premier ennemi se jette sur lui dague à la main. Tout s'enchaine ensuite comme un flot d'images saccadées sous le voile rouge de la rage pure et meurtriere qui l'envahit...

....sa main intercepte la main équipée de la dague qui s'abat sur lui et la retourne vers le sternum de son adversaire avec une force peu commune, l'enfonçant profondémnt dans la chair

....il s'accroupit, esquivant l'ample coup d'épée venue de derriere lui ayant percu le sifflement de la lame dans l'air froid avec ses sens affutés et du coude se retournant légerement explose la rotule de l'épeiste le faisant choir sur lui, véritable bouclier humain vibrant sous les lames essayant de l'atteindre

....ses pieds glissent sous le large corps du guerrier le propulsant vers ses autres adversaires, les désiquilibrant lui permettant de saisir l'épée tombé au sol. Il s'en saisit sans connaissances aucune de l'utilisation de l'arme qu'il utilise comme un marteau sans finesse aucune laissant la force de sa rage trancher cuir, peau et chair faisant jaillir le sang à chaque impact sur le mur humain qui l'entoure

....son épée reste planté dans un corps mais il s'en soucit peu et comme un animal il se jette à la gorge d'un guerrier celui ci reculant en voyant la lueur de folie emplissant les yeux de mercure

....ses dents crochent la gorge arrachant chair et peau cherchant avec un instinct animal la veine

....un choc soudain sur son crâne et il sent l'obscurité venir le saisir pourtant sa rage le maintient encore debout et un cercle s'est formé autour de lui, ces guerriers aguerris ont reculé face au spectacle qu'il offre,face à la folie qui l'habite. Il est debout couvert de sang couvert de plaies, un filet de sang et de chair est encore accroché au coin de sa bouche éclairé par un rictus de dément et c'est sur un dernier rire empli de folie et de rage qu'il s'écroule comme une masse.