Les deux silhouettes sombres se glissaient furtivement dans les ruelles obscures de Tarantia. La pleine lune brillait dans la nuit étoilée éclairant leurs parcours alors qu’elles franchissaient la frontière invisible séparant basse ville et quartiers nobles. L’une des formes était petite de taille se mouvant avec le silence et la rapidité du chat suivie par son compagnon qui lui était de plus haute taille et qui bien que plus charpenté et vêtu d’une armure de cuir aux clous noirs se déplaçait avec la calme assurance de la panthère a l’affût. Après un certain temps les deux compères se placèrent dans l’embrasure d’une porte se cachant à la vue de possibles regards.
-« Écoute moi bien cimmérien, tu dois me payer ta dette de jeu comme convenu et comme je te l’ai dit tu ressortiras enrichi de notre escapade alors arrête de râler et écoute moi bien », chuchote le maigre aquilonien.
Ghyl émet un léger grognement. Par Crom une fois de plus la malchance l’accable et pourtant son honneur lui impose de suivre ce rat des villes surtout si au final sa bourse en ressortira remplie.
-« Alors voila, dans la deuxième villa sur la gauche je sais qu’au premier étage de cette demeure se trouve dans le mur de la chambre du maître de maison une cassette contenant suffisamment de gemmes pour nous assurer de longs mois de plaisir, tout ce que je te demande c’est de m’accompagner et d’assurer mes arrières », dit le grand échalas en jetant un œil rapide sur les muscles saillants de son vis-à-vis.
-« Le propriétaire organise un bal ce soir pour l’anniversaire de son épouse, tout le monde sera en train de boire et manger dans le grand hall et nous n’aurons qu’à grimper jusqu’au deuxième étage pour nous en mettre plein les poches »,ricane t il avec un sourire de cupide.
-« Arrivera tu à grimper avec tout ton attirail sur le dos ? », glisse t il en regardant l’armure de cuir et les deux lourdes haches pendantes à la taille.
A peine finit il sa phrase qu’une forte main l’attrape au collet amenant son visage à quelques centimètres de celui de Ghyl.
-« Écoute moi bien rat des villes je n’aime déjà pas tes manières alors ne m’insulte pas. Je suis cimmérien toutes vos montagnes d’Aquilonie ne sont que des collines pour moi, je pourrai grimper les façades de vos villas un bras attaché et avec toi sur le dos, alors insulte moi une fois encore et le prochain trésor que tu devras trouver sera du fil et des aiguilles pour recoudre ta tête sur tes épaules », chuchote dangereusement le jeune homme, rejetant soudainement en arrière son compagnon qui alla heurter le mur proche.
L’homme laisse passer un léger gémissement de douleur mais le rapide regard jeté vers Ghyl lui indique qu’il devra surveiller ses arrières. Du sang coulera ce soir mais ce ne sera pas celui de Ghyl.
Sans un mot ils continuent leur trajet arrivant rapidement au mur du jardin d’une luxueuse villa d’où s’échappe brouhaha et musique. Ghyl plaque son dos contre le mur et après un rapide coup d’œil de chaque coté fait la courte échelle à Onval le propulsant littéralement en haut du mur. Celui-ci se plaque à son sommet quelques instants guettant avant de laisser pendre son bras fin d’aider le cimmérien à monter.
Avec un léger reniflement Ghyl bondit comme un fauve et croche de ses doigts durs comme l’acier le haut du mur utilisant l’énergie déployée pour se hisser instantanément à coté d’Orval lui glissant un sourire narquois.
Apres un certain temps de guet ils se laissent tomber souplement dans le jardin commençant leur trajet. Orval semble avoir une bonne connaissance des lieux et passe devant suivi comme son ombre par Ghyl ses sens aux aguets. Seul parvient le bruit de conversations et de musique provenant de la villa et pourtant Ghyl pose soudainement sa main sur l’épaule d’Orval le faisant tressaillir. A quelques mètres dans la direction vers laquelle ils se dirigent Ghyl aperçoit trois sombres silhouettes escaladant la façade la villa et du doigt les indique à Orval.
-« Chien d’informateur, il aura vendu son information à d’autres que moi, pourtant je l’avais bien payé il goûtera à ma lame dans peu de temps », chuchote Orval la colère dans ses mots.
-« Dépêchons nous pourrons les coincer en haut », rajoute t il.
Ghyl laisse échapper un léger ricanement.
-« Orval mon bon ami, réfléchis un peu toi qui es si malin. Laisse les trouver les gemmes pour nous et nous les attendrons en bas. Pour redescendre plus vite ils utiliseront sûrement une corde et ils ne le feront que l’un après l’autre. Nous les cueillerons en bas et les remercieront de leur efforts en les plongeant dans un sommeil réparateur »
Un rictus blanc apparaît furtivement alors qu’Orval comprend l’idée de son compagnon.