Que le temps passe. Et que l’expérience façonne l’existence d’un être. Si milles lunes devaient suffire à devenir un homme, on couvrirait nos chérubins jusqu’à ce qu’ils sachent voler seuls, sans risque, à travers cieux, et au dessus des marées. Pourtant, ce n’est pas ainsi que cela marche. Sans s’être jamais brûlé, on ne craint pas de toucher le feu. Et peut-être alors après, on arrivera même à le maîtriser, sans le craindre, à le respecter, à le capturer, l’apprivoiser, et à accepter qu’il nous brûle… Pour finalement revenir à la source de l’humanité, a crié de douleur, et à s’éloigner de cette source de chaleur infernale, qui vous fait disparaître, à petit feu.
« Boum boum boum ». La percussion qui était exercée était horrifiante autant que parfaite. A se demander si autre qu’un démon pouvait réussi pareil mélodie diabolique. Plus étonnant encore, c’est qu’il put être deux à réussir pareil appel, tapant leurs mains sur la peau tendue d’ennemis vaincus, ou d’animaux morts. « Boum boum !! Boum ! » Comment au milieu de pareil nature, pouvait il y avoir pareil enfer ? Les oiseaux s’étaient tût, le vent osait à peine caresser les feuilles des branches de la forêt. Et ceci était fréquent. Personne n’osait rentrer en terres Pictes, sans bonne raison. A plus d’une journée de marche du premier avant-poste aquilonien, il était folie que de s’aventurer seule dans cette contrée sauvage, au peuple sinistre et violent, mangeant la chair des hommes, après les avoir sacrifier à leurs dieux déments.
« Boum boum boum !!! Boum boum ! » Ils communiquaient. De quoi parlaient-ils ? A en juger par l’impact, tout pensait à croire que c’était guerre, souffrance, et invasion. Mais les années de voyage de la jeune fille rousse aujourd’hui devenue femme lui avait enseigné bien des choses sur le langage. Que des mots semblables dans une langue pouvaient vouloir dire autre chose dans une autre, que le ton varie d’un peuple à un autre et parfois même, juste d’un village à une ville. Pourtant, elle le sentait, au plus profond d’elle-même, comme si la colère et la haine se transpirait de la même façon chez l’Homme, quelque soit sa contrée, qu’implicitement, les instincts sauvages étaient communs à tous. Après tout, elle avait vu le sang de bien des peuples différents couler, et tous hurlaient de la même manière, et tuaient de même façon.
Elle s’approchait dangereusement de ce son de tambour le plus proche. Leur village doit être là pensa-t-elle. J’espère que l’on m’a dit vrai.
Voilà plusieurs jours, alors qu’elle faisait affaire pour le compte des Pionniers du Westermark, ceux-là même qui tenaient Fort Thandara, un Ranger d’un fort plus au Nord, lui avait dit avoir vu une jeune femme brune, très certainement Cimmérienne, très belle, mais apparemment épuisée par son voyage, qui cherchait un dénommé Joren. Des mois, qu’elle avait perdu la trace de son frère après l’avoir retrouvé. Et cette inconnue qui le recherchait, pour Katagena, la Louve Rousse, nul doute que c’était sa sœur disparue voilà des années, celle que ce même Joren recherchait depuis l’age de dix-sept ans. Plus aucun doute, parce qu’elle ne voulait pas croire à une autre histoire que celle qu’elle s’était inventée, Enorah était là. Ca ne fait aucun doute ; et je vais la sauver.
Après quelques investigations, elle retrouva la piste de sa présumée sœur. Victime d’un raid Picte sur une caravane qui descendait justement vers le Sud, elle avait dû être capturée, et ramenée en territoire sauvage. Le corps de cette jeune et belle Cimmérienne n’était pas avec les cadavres. Kat’ voulait en avoir le cœur net, et s’était rendue seule à travers les bois. Sa première erreur… Si elle n’était pas aussi sûre d’elle.