Les Tambours de la Haine

Nohnhoskwarha avançait prudemment sous les frondaisons épaisses du sous bois. Il remontait lentement la piste sanglante de l'élan qu'il avait blessé il y avait près d'une heure maintenant. Il grimaça. Il s'était vanté auprès de Ehsa de revenir avec un gibier qu'il aurait chassé seul, et ce avant la tombée de la nuit.

Sur ce dernier point, c'était déjà raté d'avance. Jamais il ne pourrait être de retour au village avant que l'obscurité ne règne en maître. Et cet élan qu'il avait surpris en train de boire aurait du avoir le crâne fracassé par le violent coup de massue que lui avait donné le fier et jeune guerrier Picte, de toute la force de son bras. Mais l'animal avait relevé la tête un instant trop tôt, et, au lieu de percuter le crâne comme il l'avait prévu, Nohnhoskwarha avait frappé l'élan à la mâchoire, brisant celle-ci et éclatant les épais naseaux sous une gerbe de sang et de bave.

L'élan s'était enfui aussitôt, fuyant à travers le sous-bois, droit devant lui, laissant sur son sillage une piste sanglante. Le guerrier sortit de l'eau où il était plongé tout en rangeant le roseau qui l'avait aidé à respirer à sa ceinture de lianes tressées. Puis il se mit à suivre sa proie, confiant en ses qualités de chasseur.

Pour quelqu'un qui n'avait jamais vu un Picte de la tribu des Alligators, Nohnhoskwarha était vraiment un être effroyable, horrible. Sous sa peau musclée et endurcie par une vie rude, des galets avaient été insérés en un dessin savamment préparé, afin que ces protubérances disgracieuses lui donnât l'apparence d'une peau d'alligator, d'autant plus qu'il s'était bariolé le corps de peinture de guerre noire et verte. Son visage aussi, était plus que repoussant, pour un profane, car en dehors de la simple touffe de son scalp, son crâne était rasé, et là aussi, des petits cailloux glissés sous la peau accentuaient son mimétisme avec son animal-totem. Ses dents étaient taillées en pointe et des cicatrices rituelles zébraient tout son corps.

Il continua de marcher quelques instants, prenant peu à peu conscience qu'il avait peu de chance de rattraper l'animal blessé. Il allait devoir avant tout songer à sa propre sécurité, car la nuit approchait rapidement, et déjà, les ombres gagnaient du terrain.

Il s'approcha d'un arbre au tronc volumineux, décidé à y grimper pour y passer la nuit, calé sur une fourche, quand soudain, avec un horrible cri rappelant un rugissement, une silhouette sombre sembla tomber de l'arbre, bondissant sur le jeune guerrier. Ce fut sa dernière vision, avant qu'un casse-tête bien lourd ne vienne s'écraser sur son crâne, réduisant celui-ci à l'état de pulpe sanguinolente...

De la tribu des Alligators, Nohnhoskwarha fut le premier à tomber dans cette guerre qui allait secouer cette partie du Territoire Picte...

Début de la journée, le soleil pointe timidement au dessus de la cime des arbres, laissant passer de doux rayons pâle entre les feuilles. Ce matin aurait pût être comme les autres si l'on exceptait les tambours lointains qui résonnaient dans tout le Westermarck depuis plus de deux jours.
Au début, tous les pionniers étaient en alertes, sur leurs gardes, prêt à se défendre contre les Pictes mais le son lointain perdurait, tant de jour que de nuit. Malgré les renforts des cabanes, le son causait des nuits blanches aux habitants et le lendemain les visages étaient mornes ou agacés selon le caractère. Killian ne faisait pas exception, c'était le troisième jours que ça grondait et ses nerfs étaient mis à l'épreuve, si bien que le baiser de sa douce Zenzila au réveil ne put le calmer. Le pas lourd et fatigué il prit le sentier habituel pour faire le tour de ses pièges placés la veille. Son agacement augmenta au fur et à mesure qu'il découvrait ses pièges intactes, sans proies. Les bruits des tambours s'amplifièrent, sa tête fût comme prise dans un étau, ça le rendait malade. Furieux il se baissa et ramassa un galet.

-Bande de sales chiens ! C'est finit ce raffut ?! Venez ! Aller venez ! Je vous attends ! Sales mauviettes ! Hurla-t-il en jetant férocement le cailloux dans la direction des camps Pictes.

La pierre décrivit un arc de cercle dans l'air avant de fracasser une souche d'arbre mort. Il hurla à nouveau de rage et prit la direction du camp, fulminant. Sur son passage, de sa dague, il entailla les fougères qui le gênaient et enfin il déboucha dans la clairière où le camp était établit. Il traversa la place centrale à grand pas et se dirigea vers la cabane de son camarade.

-Fearghaaaal !

Celle-ci avait été construite moitié sur la terre ferme, moitié sur l'eau, sur de solides et épais pilotis. Un canoë y était accroché.

Fearghal apparut sur le seuil de sa cabane, baillant et s'étirant. Il était encore torse nu, et les muscles jouaient librement sous sa peau zébrée de cicatrices. Puis, grattant sa tignasse ébouriffée, il longea le mur de la maison de bois qu'il avait construit avec l'aide de toute la communauté, pour se diriger vers l'appentis qu'il avait rajouté par la suite sur l'arrière, il y trouva une lourde cognée, qui lui avait été donnée par un homme qui n'avait plus la force pour s'en servir, étant perclus de maladie.

-Fearghaaaal !

Killian venait vers lui d'un pas précipité, il avait l'air en colère.

La petite cabane bien que modeste était construite solidement véritable petit fort de bois compact et dur comme l’acier. Celle-ci était un peu éloignée de la majorité des autres habitations sans pour autant le mettre complètement à l’écart du reste de la communauté et surtout la vue qu’il avait de sa cabane lui permettait une bonne visibilité d’ou qu’on vienne.

Ghyl était levé depuis l’aube, il commençait à s’habituer à son environnement mais depuis quelques nuits les tambours résonnaient dans le foret et il avait du mal à trouver le repos. Laella reposait encore, il ne savait trop comment avec ce rythme constant et répétitif dans l’air. Malgré la douceur de ses bras et de ses lèvres lors de leurs nuits, ses nerfs à vif l’empêchaient de dormir et il sommeillait juste dans les bras de son aimée. Ghyl n’en revenait toujours pas de la chance qu’il avait d’être aimé d’une telle perfection et il se demandait toujours de qu’elle pouvait bien lui trouver.

Aussi s’était il levé pour mettre à jour une idée qui lui était venu pendant la construction du fort, il se prévoyait une sortie de secours aussi avait il commencé à creuser dans un coin de sa cabane libérant ainsi sa frustration et sa colère contre les tambours Pictes qui cherchaient à les rendre fous
Apres quelques heures de travail seulement vêtu d’un pagne et de sa ceinture portant ses haches, il se dirigea vers le lac couvert de sueur et de terre afin de prendre un bain bien mérité. Laella somnolait encore et il n’avait pas eu le courage de la réveiller, elle devait se reposer après leurs nuits assez agitées.

C’est alors que retentit un rugissement

-« Fearghaaaal »

Celui-ci le poussant à courir à fond de train vers l’habitation du géant cimmérien afin de voir ce qui se passait.

-" Et si on les tuait ? Au moins, je serais plus en forme pour la prochaine fois... Mmmh ?"

Killian écouta Herana que d'une oreille. Il jeta sa dague contre le sol et celle ci se planta droite comme un mat dans la terre meuble, entre Fearghal et lui. De cette manière, empruntée aux Pictes avec leurs tomahawk, tous savaient que la limite d'un des leurs avait été dépassée et que la passivité devait être remplacée par l'activité.

-Fearghal, j'en peux plus, je dors plus, ma tête va devenir de la mélasse ! Il faut aller voir le gouverneur pour organiser une attaque surprise. Je veux crever moi même ces maudits tambours !

Il savait qu'il exagérait dans ses mots mais ce n'était que pour bien faire prendre conscience de l'ampleur de sa frustration. Les pionniers s'étaient attroupés autour des deux capitaines et Killian se retourna pour voir chacun d'eux. Il ne supportait pas se donner en spectacle, il aurait dût prendre Fearghal à part au lieu de laisser éclater sa colère. A l'heure actuelle il se serait bien réfugié dans un terrier pour échapper aux regards interloqués. En fier cimmérien, il se contenta de bomber le torse comme pour défier quiconque. La situation était comique pendant que Fearghal s'apprêtait à formuler sa réponse, encore surpris par l'éclat de voix de son camarade.

Killian jeta sa dague au sol entre eux deux. "Par Crom, était-ce un duel ?" se demanda Fearghal. Mais la colère de l'archer ne lui était pas adressée. Il passa la main par dessus son épaule pour caresser doucement la joue de sa compagne qui se pressait contre son dos, affectueusement.

Attiré par le cri de Killian, des colons apparurent au seuil de leurs maisons ou interrompirent leurs tâches pour voir d'où venait ce tumulte, mais tous comprenant qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat, s'en retournèrent à leurs occupations. Seul Ghyl, en pagne et seulement équipé de son ceinturon d'où pendaient deux haches, arrivait en courant.

- Oui, mon frère. Je te comprends, moi aussi j'en ai assez de ces tambours. Attends moi une minute, nous allons aller trouver Brant pour voir ce qu'il pense de tout ceci.

Il donna un clin d'œil à Ghyl et à Killian.

- Ça vous dit un petit bain, juste avant d'y aller ? Je ne sais pas vous, mais moi, j'en ai besoin.

Et sans plus de cérémonie, il courut vers le fleuve sur la rive duquel, après avoir observé les alentours ainsi que les éventuels mouvements suspects dans l'eau, il se mit nu et courut dans l'eau, avant de se retourner vers ses camarades.

- Vous venez ?

Suivant Fearghal Ghyl se dirigea vers le fleuve laissant glisser son ceinturon à terre tout en lançant un rapide clin d'oeil à Killian. Celui ci semblait supporter difficilement le rythme quotidien battant dans l'air, plus difficilement que n'importe qui d'autre. Ghyl avait rarement vu Killian dans un tel état d'enervement qui seul pouvait expliquer son lancer de couteau qui pour n'importe qui aurait ressemblé à un défi.

Aprés un salut rapide de la main et un grand sourire à Herana et Zenzila il plongea dans l'eau se satisfaisant du contact frais sur son corps aprés les efforts fournis depuis le lever du soleil.

Aprés s'être vigoureusement frotté , chassant crasse sueur et terre, il sortit du fleuve s'ébrouant comme un chien fou afin de courrir vers sa cabane, encore mouillé, récupérant au pasage son ceinturon.

Il espérait arriver à temps pour réveiller Laella d'un baiser et peut étre plus, pensa t il avec un sourire.

Killian regarda Fearghal, exaspéré. Son insouciance le déstabilisait. Plus tôt déjà, il lui avait recommandé de bâtir sa maison prés de celle des autres et de ne pas la placer au bord du fleuve. Il l'avait averti des Alligators et de leurs raids sous marins mais malgré ce, le jeune Fearghal n'en avait fait qu'à sa tête. Killian soupira, l'eau fraiche lui ferait passer pour un temps son mal de tête.

-Bon, j'arrive.

Il se retourna vers Zenzila et lui sourit, premier sourire de la journée. Il ramassa son couteau et enleva ses vêtements de cuir qu'il déposa sur la rambarde de la cabane. Nu comme un ver, il courut en direction du fleuve. Il put sentir les galets lui meurtrir les pieds mais il continua sa course, ses cheveux d'ébène virevoltants librement. Le contact avec l'eau fraiche lui décrocha un cri rauque et guerrier. Le fleuve à hauteur de ses genoux il fut rapidement ralenti avant de plonger tête la première. En ressortant il secoua sa tignasse, éclaboussant ses camarades et éclata d'un rire franc.

Zenzila triait ses herbes quand ses trois compagnons décidèrent de se baigner.
Killian, malgré son énervement , l'embrassa puis se déshabilla pour les rejoindre.
Il courrait à l'eau. Elle voyait les fesses blanches et musclées de son amant s'éloigner,
elle aurait voulu les croquer comme deux belles pommes d'amour.
La vision de ces trois hommes nus se baignant n'était pas des plus désagréables.

Son esprit vagabondait quand son amie Herana la sortit de ses songes.

- " Bonjour Zenzila ! Hé, euh... Ça va ? Tu sembles être perdue dans tes pensées...
Bref, je vais aller au fort, il faudrait en parler avec le Gouverneur. Tu veux venir avec moi ?
Les garçons nous rejoindront . "

- " Euh...oui Herana , j'arrive, ces tambours rendent nos hommes nerveux,
il faut qu'on les fasse taire à jamais ."

Elle prit une cape noire et accompagna Herana au fort Thandara.
Avant de partir, elle fit un signe aux trois baigneurs et cria .

- " Oh les poissons !!! J'accompagne Herana chez Brant.
Nous allons lui demander quel plan nous pouvons mettre au point pour nous débarrasser de ces maudits tambours.
Rejoignez-nous dans son bureau. "

Les femmes étaient pressées d'en finir.

- " Ce n'est pas l'heure des amusements, il n'y a bien que des hommes pour penser à ça dans des moments aussi importants. "

Dit-elle à Herana en souriant tout en pressant le pas.

Ils entrèrent enfin dans un le fort de Thandara. Herana s'avança devant les grandes portes du fort, sur le pont. Un garde en haut d'une des tours de guet la héla.

-"C'est pour quoi ?!"

-"Nous souhaitons parler au Gouverneur."

-"Si c'est pour ses chiens de pictes et leurs instruments, le Gouverneur à autre chose à faire que écouter..."

Herana agita violemment le poing.

-"Nous ne somme pas là pour nous plaindre, mais pour proposer notre aide, abruti !"

-"Hé, pas besoin d'être sur les nerfs.... Les gars ! Ouvrez la porte !"

Alors, les deux grandes portes principales s'ouvrirent devant leurs yeux.

-"Bienvenu au fort de Thandara...".

Le groupe s'avancèrent dans le fort. On pouvait voir que les pionniers n'étaient pas des personnes roulant sur l'or. Tous y mettaient du sien, afin que chacun vive en toute tranquillité.

L'enceinte extérieure du fort, une très haute palissade entourée de douves, abritait en son sein les cabanes des premiers colons de la Thandara. Au coeur de ce village miniature, une autre palissade enfermait un solide donjon de bois.

Herana se fit conduire à l'intérieur de l'imposant bâtiment et passa la porte du bureau, là où travaillait le gouverneur. Elle tapa.

-"Gouverneur Brant, nous sommes là pour vous proposer notre aide, pour les tambours... Nous pouvons entrer ?"

Brant, fils de Drago, était gouverneur, soit, mais il n'avait pas été placé là par ses relations ou de par sa naissance, mais il avait été élu démocratiquement par l'ensemble des colons. Cet homme d'âge mûr, au visage empreint de bonté malgré les nombreuses cicatrices, avait fait l'unanimité au sein de la communauté.

- Capitaine Zenzila... Herana... Messyahn... Que me vaut l'honneur de votre visite ?

On eût pu s'étonner du manque de protocole de part et d'autre, car le gouverneur était après tout sous la seule autorité du Roi, et représentait la seule autorité compétente, mais les lourdeurs diplomatiques et administratives de bienséance n'avaient pas leur place ici, dans ce coin perdu à l'écart de la civilisation.

Ghyl se glissa comme une ombre dans la cabane. Laella reposait encore, à demie couverte par draps et fourrures. Les espaces decouverts exhibaient une peau à la douceur de soie où Ghyl aimait laisser glisser ses mains et sa bouche.

Mais le temps n'était pas au batifolage pensa Ghyl, et il se pencha sur le corps alangui laissant ses levres errer sur les formes somptueuses afin de la reveiller avec toute la tendresse requise.

Sous le tendre baiser, Laëlla s'étira comme une chatte, dévoilant désormais ce qui avait été caché jusqu'alors. Ses paupières papillonnèrent et ses beaux yeux sombres s'ouvrirent accompagnés d'un charmant sourire. Elle savourait ces douces matinées où elle pouvait s'attarder au lit, ne pensant à rien d'autre que de paresser comme quand elle était dans le harem du Shah.

Elle ouvrit les bras pour accueillir en leur sein le corps athlétique de Ghyl. Sa bouche rouge se fit accueillante, embrassant son amant avec volupté et douceur.

- Bonjour, mon Seigneur et Maître. Comment puis-je te servir, aujourd'hui ?

Elle utilisait souvent cette formule à son réveil, par jeu. Elle savait que cela plaisait à son amant, et que cela lui rappelait qu'elle venait d'un monde exotique où plaisir, luxe et volupté règnent en maîtres.

Pendant ce temps, pressé par le fougueux Killian, Fearghal suivit celui-ci à toute allure en direction du fort. Ghyl, quant à lui, était rentré chez lui. Les deux hommes traversèrent en courant la clairière où leurs amis avaient construit leurs cabanes et pénétrèrent dans la forêt qui sembla les avaler dans une mâchoire de feuillages et de fougères.

Le Ranger s'était parfaitement adapté à ce nouvel environnement pour lui. Bien que la Thandara soit très différente des montagnes et collines de sa Cimmérie natale, la forêt picte nécessitait des techniques de survie similaires à celles que Killian maîtrisait.

Au bout de quelques minutes sous bonne allure, évitant branches basses et racines traitresses, les deux hommes virent bientôt se dessiner la solide palissade de rondins surplombée de tours carrées de guet, à travers les trouées de la végétation. Puis ils débouchèrent sur l'espace dégagé autour du fort, où un ponton enjambait des douves grossières mais efficaces. Au-delà du ponton, les lourdes portes commençaient à se refermer...

- Attendez ! cria le Ranger, redoublant de vitesse. Le géant qui le suivait peinait à suivre son allure.

Les deux Cimmériens franchirent la première enceinte pour apercevoir à l'autre bout du fort leurs camarades pénétrer à l'intérieur de la deuxième enceinte, qui abritait le donjon.

- Pourquoi... aller... si... vite ? demanda Fearghal, entre deux respirations.

- Je ne veux... pas manquer la discussion, assura son ami, qui reprit une bonne foulée.

A leur tour, ils se présentèrent, essoufflés, devant le gouverneur, aux côtés de leurs compagnes et de l'énigmatique Messyahn.

-"J'ai de nombreuses idées sur la maniére dont tu pourrais me servir ,tu le sais ma beauté",sourit il.

-"Mais nos amis sont déja partis auprés du gouverneur et comme d'habitude nous allons arriver bons derniers. Nous devons faire cesser ce probléme de tambours avant que la tension ne vienne à nous faire commetre des bétises. Dépêche toi mon amour",rigola t il tout en donnant une petite tape sur les fesses rebondies et musclées de Laella.

Laëlla gloussa en recevant cette charmante correction. Elle se sentait d'humeur câline ce matin. Elle se tourna brusquement tout en agrippant Ghyl par le bras, le déséquilibrant. Celui-ci tomba de tout son long en travers de la couche. L'Iranistanienne rit tout en cramponnant au jeune homme, pour qu'il ne puisse se redresser. Puis elle encercla de ses jambes le bassin du garçon, avant de basculer sur lui et de se dresser, triomphante, à califourchon, au dessus de lui.

La lumière radieuse de cette journée ensoleillée filtra par la porte demeurée ouverte et vint auréoler le corps de la belle brune, teintant d'or sa peau soyeuse et renforçant la courbe de ses seins pleins, aux pointes dressées. Ses magnifiques cheveux noirs tombaient en cascade autour de son visage et, provocante, elle passa le bout de sa langue sur ses lèvres parfaites en lançant un regard brûlant.

Elle caressa de ses mains chaudes et douces le torse nu et musclé de son jeune amant, puis, s'aventurant plus bas, s'attaqua à la boucle de ceinture. Elle agit avec des gestes lents et précis, parfaitement maitrisés et mesurés, comme elle avait appris à le faire dans le harem du Shah d'Iranistan. Elle appliqua toute sa science, car elle aimait profondément le jeune Ghyl. Celui-ci s'était montré un compagnon de rêve pour la fille de Sheikh, tendre et attentionné, tout en étant apte à se défendre si nécessaire. De plus, elle croyait, elle était presque sûre qu'il l'aimait en retour. Mais de par son éducation, elle n'osait le lui demander. En effet, en Iranistan, les femmes doivent tenir leur place. Si elles sont respectées, elles ont néanmoins un rôle strict à tenir dans la société. Et l'amour n'y trouve pas toujours sa place.

Grâce à Herana, Laëlla avait réussi à s'accoutumer à un mode de vie différent, mais certains tabous étaient plus tenaces que d'autres.

Tout en ouvrant le pantalon de Ghyl et en glissant une main à l'intérieur, elle se pencha en avant pour embrasser son amant sur la bouche, légèrement, titillant ses lèvres de sa langue taquine.

Brant, fils de Drago, adressa un léger sourire à la bouillante Zenzila.

- Ces tambours qui résonnent depuis plusieurs jours sont en effet alarmants, et n'augurent sûrement rien de bon. Toutefois, nous ne sommes pas certains que la menace nous soit adressée. Pour d'obscures raisons, les Pictes ne s'en prennent pas qu'à nous, fort heureusement, mais se font parfois la guerre entre eux.

Il se déplaça sur le côté de la pièce, où une carte sommaire de la région était affichée.



- D'après nos éclaireurs, les tribus Pictes d'ici à Fort Kwanyara sont agitées et sur le pied de guerre.

Killian examina la carte et la position présumée des tribus Pictes.

- Mmh... Y a-t-il un regroupement de guerriers de différents villages, ou la présence d'un grand chef de guerre, ou un puissant shaman comme Zogar Sag, qui aurait fédéré les tribus ?

- Rien de tout cela, non, non. Les éclaireurs affirment que les tribus n'ont pas l'air de vouloir se fédérer, du moins dans l'immédiat.

Il revint à son bureau, où il s'appuya lourdement, toisant les Pionniers, surtout les trois Capitaines.

- Je voudrais que vous alliez faire un tour d'observation à proximité du village des Alligators, pour tenter d'en savoir plus. Essayez de savoir ce qui se trame, et après qui ils en ont. Mais soyez prudents, les Pictes sont suffisamment remontés comme cela. Je ne voudrais pas qu'une action inconsidérée les retournent subitement tous contre nous. S'ils se fédèrent à nouveau comme en Conajohara, c'en serait fini du Westermarck, je le crains.

Ghyl se laisse chuter sur la couche et lorsque Laella grimpe sur lui prenant l'initiative, plus rien n'a d'importance, ni les pictes, ni Brant, ni même ses propres compagnons. Il n'y a plus que Laella, son corps,son odeur. Il se noie totalement dans le désir soudain qui le saisit.

Les lévres de Laella sont douces et brulantes sous les siennes alors qu'elle aventure une main fureteuse sur son bas ventre effleurant de ses doigts son sexe dur quasi douloureux sous l'envie du corps de Laella.

Interrompant le parcours de la douce main il se redresse à moitié gardant Laella juchée sur lui. Ses mains parcourent le corps magnifique caressant d'abord le dos souple recouvert d'une peau de soie qui frissone légerement au passage des mains rendues rugueuses par leur travail.

Les mains de Ghyl redécouvrent à chaque fois ce corps de rêve fait pour l'amour.

Ses lévres ne cessent d'embrasser Laella noyant ses lévres, sa gorge sous un déluge de baisers et de mordillements.

Ses mains atteignent les globes ronds des seins de Laella, les empaumants jouant des pointes dressées par le désir, les effleurants de la paume, les pinçant légerement voulant amener sa partenaire au bord du plaisir rien que par le jeu de ces caresses.