Les Tambours de la Haine

Zenzila écouta Brant avec attention tout comme ses camarades.
Elle aurait préféré agir immédiatement mais le gouverneur avait raison.
Ils devaient voir d'abord de leurs propres yeux les forces en présence avant d'entamer des combats
difficiles.

Sur la carte, Brant leur indiqua le village des Alligators, l'objectif de leur mission d'observation.
Les Pionniers se regardèrent tous, tous déçus de ne pas en découdre immédiatement.
Messyahn ne quittait pas son rictus, mais quand il entendit le mot observation, il faillit s"étrangler.
Zenzila lui sourit pour le rassurer et lui fit un clin d'oeil. Elle lui murmura à l'oreille en stygien.

- " Les observations réservent parfois des surprises, rassures-toi ."

Puis se tournant vers Brant.

- " Je pense que nous avons compris Gouverneur, nous irons voir ce qui se passe et
nous vous rapporterons nos observations.
Le temps de faire notre paquetage et de récupérer notre compagnon Ghyl et nous nous mettrons en route ."

Elle se tourna vers Fearghal et Killian pour voir si ils étaient du même avis.

Le gouverneur leur adressa un dernier commentaire.

- Oui, prenez autant d'équipement et d'hommes que vous le souhaitez.Depuis que j'ai fait de vous trois, Killian, Fearghal et vous, Zenzila, mes capitaines, je n'ai jamais eu à le regretter. J'ai donc une totale confiance en vos capacités. Soyez prudents toutefois. L'ampleur et l'étendue de l'agitation des Pictes doivent être mesurées avec précision, afin de dissiper tout malentendus. La seule chose que nous ayons à espérer, c'est que tout ce remue-ménage ne soit pas orienté vers nous.

Fearghal réajusta le fourreau de son épée dans son dos. Quand Zenzila se tourna vers Killian et lui, il adressa à la belle guerrière un clin d'œil et un sourire complice. Il alla ensuite serrer la main du gouverneur.

- Ne vous en faites pas, gouverneur. Si les Pictes préparent quelque chose, nous découvrirons quoi très vite.

Tandis que les amis firent mine de quitter le bureau de Brant, celui-ci les interpela.

- Ah, une dernière chose. Il est un détail qui pourrait très certainement vous être utile, et qui m'a été rapporté par certains des réfugiés de la Conajohara. C'est ceci : il paraît que quand un Picte, quelque soit sa tribu, part en guerre contre les hommes blancs, il se peint sur le torse un grand crâne blanc.

Messyahn pris simplement la parole,
- "Il est peut etre possible d'en capturer un ... Vivant bien entendu !
Et de l'interroger, nous aurons surement des réponses précises à certaines de nos interrogations... enfin , peut être."

Fearghal se tourna vers le Stygien.

- Oui, c'est une possibilité. Quoiqu'il en soit, pour en capturer un, il faudra tout de même s'approcher de leur village. Au fait, Messyahn, tu veux en interroger un... mais parles-tu le Picte ?

Ghyl délaissa la somptueuse poitrine pour égarer ses mains sur les hanches de sa compagne, il laissa errer sa bouche sur le visage et dans le cou de la douceur de la soie de sa compagne , attentif aux moindres bruits émis par son aimée, ne souhaitant que son seul plaisir.

Comme à chaque fois c'était une réelle redécouverte de son corps, il se noyait une fois de plus en elle alors que se créait entre eux cette alchimie qu'il n'avait jamais rencontré au cours de ses aventures passées.

Les amis, quittant le fort, refirent alors le chemin en sens inverse, revenant vers leurs cabanes qui formaient l'ébauche d'un petit village, qui deviendrait alors florissant.

La matinée était déjà bien avancée quand ils arrivèrent aux premières cabanes. "Retrouvons-nous auprès de la table de banquet, sur la place", proposa Fearghal.

Il désignait la grande table qui trônait au milieu du cercle des cabanes, auprès d'un large foyer pour l'heure éteint, mais qui, le soir venu, s'animerait d'un grand feu, autour duquel les colons se réuniront pour partager leur repas. Car telle avait été décidée cette nouvelle tradition, par les Pionniers eux-mêmes, qui désiraient garder un esprit de sécurité et d'amitié entre tous. Ces sentiments étaient précieux pour ceux qui, comme eux, vivaient en bordure du monde civilisé, au coeur même de la barbarie la plus sauvage. Isolé, chaque colon aurait été une proie facile pour les Pictes et les bêtes sauvages, mais soudés comme ils l'étaient, ils formaient une force que les Pictes eux-mêmes devaient prendre en compte et ne pas sous-estimer.

Fearghal traversa la "place", en vérité un espace débroussaillé entre les cabanes, pour se diriger à l'opposé, vers le fleuve du Cheval, dont le cours paisible accueillait les pilotis de la cabane qu'il y avait construit, aidé de ses amis. Son magnifique cheval gris, Greyling, piaffa à son arrivée.. Le barbare alla lui flatter le museau.

Zenzila et Killian, de part leur âge plus avancé que celui de leurs autres compagnons, avaient acquis une grande sagesse et sérénité d'esprit. Ils étaient organisés, méthodiques, ne laissant rien au hasard. La routine était brisée par un emploi du temps spécial établit par Zenzila, basé sur l'astrologie. De plus, ils s'accordaient souvent des petits moments de plaisir à l'improviste que ce soit les fumées enivrante de la belle ou leurs ébats amoureux en pleine forêt. L'harmonie et la confiance régnait autour de ce couple serein.

Killian avait rempli son sac en cuir du matériel le plus lourd comme la corde, les verroteries de Zenzila ou les gourdes d'eau. Il prit son carquois qu'il savait rempli de flèches à la pointe soigneusement empoisonnée et son arc court à double courbure. La préparation fut rapide et déjà Zenzila et Killian étaient au milieu de la place de leur petit village, les sacs à leurs pieds, assis sur un rondin à attendre leurs compagnons en désaltérant.

Son jeune amant était fort, les muscles noueux de son corps l'attestaient, mais il était doux et tendre aussi avec elle, quand il lui faisait l'amour. C'est ce mélange entre force et douceur qui lui plaisait tant chez Ghyl.

Unissant leurs lèvres en un baiser passionné, qui laissèrent échapper le même souffle, le même râle, leurs deux corps frissonnèrent à l'unisson, et retombèrent côte à côte sur les fourrures ravagées de la couche. Couverte d'une fine pellicule de sueur qui mettait en valeur ses courbes pleines, Laëlla se dressa sur un coude et caressa d'une main légère la poitrine large et les abdominaux renflés de son amant, puis elle s'empara de son membre apaisé, pour qu'il repose là aux creux de sa main. Elle posa sa tête sur l'épaule de Ghyl, souhaitant que ce moment dure à jamais.

Les bruits d'une agitation soudaine sur la place, à l'extérieur, les tirèrent de leur rêverie partagée.

- Nos amis sont de retour, mon amour, murmura-t-elle, tu devrais y aller.

La tête de Laella blottie contre son épaule, son corps blotti contre lui, Ghyl savourait l'instant se perdant dans la douce torpeur qui le possédait.

Il avait lui aussi entendu les bruits à l'exterieur mais comme il était dur de quittait ce corps aussi doux aussi parfait et cette douceur innée qui n'appartenait qu'à Laella.

Avec un leger grognement de dépit il se redressa laissant sa main glisser doucement sur le corps de son aimée, ne parlant pas laissant ses yeux exprimer pour elle tout l'amour qu'il lui portait.

Se vétant rapidement il finit de se harnacher prennant l'équipement préparé la veille,ceignant ces haches.

Se rapprochant de Laella toujours allongée sur le couchage il se pencha échangeant avec elle un long baiser avant de quitter sa demeure pour rejoindre ses compagnons sur la place du village.
Franchissant la porte qu'il referma doucement il se rapprocha de la forêt, un leger sifflement, une furtive forme féline sur la basse branche d'un arbre. Anheg était la et surveillerait les lieux pour lui pendant son absence.

D'un pas léger, plus rassuré Ghyl partit au petit trot vers ses compagnons.

Fearghal, rentré chez lui, alla enfiler sa veste de peau. Non qu'il était frileux, mais il aurait certainement à ramper pour s'approcher d'un village picte. Il ne tenait pas à prolonger le contact avec des plantes urticantes ou de désagréables insectes. Il avait beau être résistant, mais les maladies véhiculées par les bestioles qui abondaient dans la région étaient vraiment virulentes.

Il boucla par dessus sa ceinture, dans laquelle il passa son poignard de chasse, une lame de quelques bons trente centimètres. Il prit aussi une outre d'eau de pluie, car l'eau de fleuve devait être bouillie pour être consommable sans danger, il en avait déjà fait les frais. Enfin, il passa un morceau de cuir autour du pommeau de son épée, afin de cacher à la vue l'éclat tapageur du métal et la brillance de la grosse gemme rouge.

Quand il fut prêt, il rejoignit ses compagnons sur la place.

- Brattack et Thorghan ne nous accompagnent pas ?