Le retour en Westermarck

Cela faisait des mois que Soleïn avait quitté ses compagnons. C'est le coeur gros qu'il s'était séparé d'eux, ou tout du moins de certains d'entre eux : La belle Zenzila, le jeune capitaine Fearghal, l'archer Killian... Leur aide avait été plus que précieuse lors de cette histoire.

Après son départ, il était rentré directement chez lui, la haut, dans les montagnes enneigées d'Asgard. Comme tant de fois, il était revenu sur sa terre, et comme tant de fois, il l'avait quittée. Ce qui avait été, il y a longtemps un grand château était devenu un champ de mort...Puis une ruine..Puis rien. Le vide. Seuls les souvenirs du jeune homme faisaient vivre ce qui n'était aujourd'hui plus qu'une légende.

Il revoyait encore les visages des "pionniers" lors de son départ. Il leur était redevable. Il avait annoncé qu'il partait définitivement. Il avait dit à Fearghal que les gens comme lui vivaient et mouraient seuls. Et il le pensait vraiment. Malgré tout, il se retrouvait maintenant sur la route du Westermarck. Pourquoi? Lui même ne saurait certainement pas le dire. Peut être ses "amis" lui manquaient-ils, tout simplement.

La lune se levait sur la ville de Tanasul. Une belle nuit s'annonçait. La taverne où il avait trouvé refuge lors de la journée. Il descendit d'un pas léger pour arriver dans la grande salle. Avant de quitter le bâtiment, le jeune homme remit sa cape en place.
Soleïn était un beau jeune homme, d'une vingtaine d'années semblait-il. Des cheveux longs et noirs encadraient un visage aussi blanc que le marbre. Ses yeux, aussi noirs sur ses cheveux, regardaient autour de lui. Il arborait une tunique noir, ainsi qu'un tabard noir à griffon de gueules. Des chausses noires, des bottes et des gants montants de la même couleur complétaient sa mise. De chaque coté de sa ceinture, deux épées courtes pendaient, cachées de temps à autre par les mouvements de la cape.
Une fois dehors, il vit une jeune personne qui attira son attention...Une femme assurément.

Albha regardait en direction de la porte de la taverne, la lune venait d'apparaître au dessus des toits de la ville de Tanasul.
Une clarté blafarde nimbait la cité.

Elle attendait devant cette taverne, la première qu'elle avait trouvé en arrivant en ville, depuis des heures. Elle attendait le mercenaire, s'il était encore en vie et qu'il vienne jusqu'ici, il passerait par cette auberge. L'espoir de le voir arriver devenait de plus en plus ténu, elle observait chaque homme qui entrait avec acuité.

Quelques soiffards bien abreuvés l'avaient interpellée plus tôt, des pauvres hères tombés dans la facilité des journées alcoolisés, pensa t-elle. Albha n'en fût guère effrayée les premiers instants, puis elle se rendit compte qu'ils étaient vraiment très saoûls et que les gardes semblaient occupés à bien d'autre chose que l'ordre public devant la taverne, à présent elle avait peur.

Un des hommes s'en rendit compte, il prit le visage d'Albha par le menton et s'approcha tout prêt d'elle, il empestait le vin, elle ferma les yeux et se mit à trembler de tout son être.

-"Tu as peur petite.... et froid...viens avec nous on te gardera au chaud , du moins pour la nuit."
L'homme partit d'un grand rire qui résonna dans l'espace du groupe qu'il formait, Albha cherchait désespérement une solution pour filer de cet endroit.

L'autre homme s'approcha à son tour, posa la main sur son poignet il remonta le long du bras, passa allègrement l'épaule.

-" Elle a la peau douce, mais elle est vraiment maigrichonne, je te la laisse, et elle a une tête à se mettre à brailler en plus.. .."

L'homme s'éloigna en riant à son tour, l'autre regarda Albha, il dût admettre que les danseuses de la taverne près du forgeron avaient des atouts plus aguicheurs que la gamine, malgré tout il trouvait qu'elle avait une bouche ravissante, il l'embrassa.

Albha se mit à se débattre, les yeux suppliants. L'homme la regarda ...

"-Il a raison mon compagnon, tu dois être une brailleuse."

Elle regarda le dos de l'homme qui s'éloignait, elle se concentra à nouveau sur la porte de la taverne pour ne pas se mettre à hurler et pleurer, elle ne cessait d'essuyer ses lèvres, ne voulait pas penser à ce qu'elle deviendrait si le mercenaire ne revenait pas. La nuit tombait, il allait arriver, il avait du se tenir à l'abri pour ne pas circuler en plein jour....

La porte de la tavene s'ouvrit, une silhouette sombre en sortit, elle détailla quelques instants l'homme, Albha détourna rapidement les yeux, ne reconnaissant pas le mercenaire.

Un autre des poivrots s'approcha encore de la jeune femme. Une groupe de plus en plus dense se formait autours de la demoiselle. Des mains commençaient à la caresser et essayer d'arracher ses vêtements. Un garde, non loin, détourna le regard et s'engouffra dans une ruelle. Ils ne devait pas envie d'affronter seul la quizaine de soulards présent.

Le jeune homme en noir regarda un court instant la belle jeune femme se debattre et s'approcha tranquillement du groupe. Il écarta deux trois ivrognes et regarda la femme en souriant.

-"Ma demoiselle..."

Au milieu des grognements et des injures, un de ceux voulant la dénuder l'apostropha.

-"T'es..T'es qui toi...Dégage ou on..Te crève.

Soleïn regarda l'homme et posa sa main sur le bras tenant la jeune femme.

-"Je pense que vous devrier partir et la laisser." - l'homme ricana, puis un bruit sec, précedant un hurlement. - -"Je pense VRAIMENT que vous devriez partir et la laisser.

Le poivrot tomba à genoux, se tenant le bras. Voulant venger leur camarade , deux de ses compagnons sautèrent sur le jeune homme en noir, avant de tomber rapidement au sol, sans connaissance. Effrayé, le groupe se dissolva, ses membres partant à toute vitesse.

L'inconnu regarda la jeune femme, affichant toujours son sourire. Elle tremblait. Il détacha sa cape et l'enveloppa dedans.

-"Excusez cette petite...Scène. J'avais pensé qu'ils partiraient plus rapidement. Vous allez bien?

Albha eût un mouvement de recul, bien qu'elle garda la cape, une des fibules qui tenait la tunique avait explosée sous les mains des hommes, elle s'enveloppa dans le vêtement.

-"Oui...je crois ! "

Elle resta là un moment à observer le visage couleur de lune de l'étranger.

-" Je m'appelle Albha, je viens de Tarantia."

Soleïn s'écarta un peu et s'inclina avec déférence devant la jeune femme.

-"C'est un plaisir ma demoiselle. Je me présente, Soleïn. Puis je vous demander ce que vous faites ici? C'est...dangereux comme vous avez pu le voir."

D'un geste, il l'invita à se diriger vers une petite terrasse.

-"Je vous inviterai bien à vous rechauffer, vous restaurer, ainsi qu'a refaire votre toilette dans la chambre que j'ai loué, mais je pense que vous ne me faites guère confiance."

Disant celà, le jeune homme souriait, restant à distance respectueuse d'Albha.

Albha répéta le nom....


-"Soleïn !"

Elle se laissa conduire sur la terrasse, bien qu'elle eut préféré, rester en vue de la porte de la taverne, même si l'espoir de voir arriver le mercenaire semblait bien dérisoire.

-"Je pense que je te dois des remerciements, Soleïn, j'attends un homme ici....même si, je ne suis pas certaine qu'il vienne.

Peut être l'as-tu aperçu à l'intérieur. Un gaillard haut comme une montagne, des cheveux rasés ...et une très forte odeur...d'oignon ."

Albha restait à une distance prudente.

-"Vous ne me "devez" absolument rien. Il est normal que je vous sois venu en aide. C'est même un plaisir pour moi que de l'avoir fait. Pour ce qui est de votre homme , je ne l'ai pas vu , j'en suis désolé. Si celà fait longtemps que vous l'attendez, je crains que vous ne le verrez pas. La question que je me pose...Qui laisserait quelqu'un comme vous l'attendre seule, dehors..."

Il croisa les mains derriere le dos et regarda la femme, l'air pensif.

-"Si il y a bien une chose que j'ai, c'est du temps. Puis je vous proposer mon aide pour une quelconque chose? Je comprendrai tout à fait que vous ne me fassiez pas confiance, et que vous preferiez me voir m'en aller. Néanmoins, je suis à votre disposition si vous le souhaitez, avec toujours un grand plaisir.

Soleïn paraissait sincère. Si il gardait son sourire amical et réconfortant, il ne semblait pas vouloir tirer profit de la situation, ni abuser la jeune femme.

Tanasul… cette cité s’était étendue au-delà de ce que ses premiers habitants avaient imaginé. Des quelques villages barbares d’antiques hyboriens, il ne restait plus que de la poussière que désormais tout un peuple cosmopolite foulait pied nu, à sandale, à botte, à cheval ou porté sur des litières. La cité était vivante, bruyante, colorée et puante du gaspillage des plus riches et du désespoir des plus pauvres. Tanasul ressemblait à un fruit trop mûr qui commençait à pourrir par endroit. Le duo de jeunes gunderans était arrivé tard dans l’après midi dans cette cité. Il leur avait fallu payer une taxe à l’entrée… tout se payait dans ce bas monde, y compris le passage du misérable chariot qui leur servait de moyen de transport.

Il leur fallait au plus tôt trouver une caravane à laquelle se joindre pour aller vers Fort Thandara. Hélant un hallebardier de la milice pour obtenir quelques informations sur ce sujet, Loknar fut dirigé vers le Quartier Sud de Tanasul avec en prime trois noms d’auberges « du genre qui convenait à leur bourse ». Se mêlant au chaos de fin de journée, le duo traversa la foule conscient que ce qui dépassait du chariot, ne dépasserait pas longtemps. Qu’importe, ils avaient l’essentiel de ce qui était précieux près d’eux. Il leur fallait trouver les auberges désormais… pour manger un bon repas et trouver les guides de caravanes pour Fort Thandara. Pour le couchage, le chariot fera l’affaire à condition de bénéficier tout de même de la protection d’une écurie… ou d’une étable.

L’enseigne de l’auberge de la « Lune Rousse » avait connu des jours meilleurs tout comme l’établissement apparemment. Mais il correspondait à l’image du cœur de cette ville : du peuple, de la pourriture et des salissures par ci par là, des hommes et des femmes de tout horizon, et enfin la débauche dans la boisson, les herbes à vision ou les femmes. Non que cela le gêne ; mais le gunderan n’avait pas l’impression de se trouver chez lui… le temps lui manquait pour s’habituer. Peut être même était il comme jaloux de cet esprit de communauté insouciante à laquelle il avait aspiré par le passé jusqu’à quelques semaines auparavant.

Après quelques salutations d’usage avec le taulier, l’autorisation de dormir dans l’écurie moyennant deux pièces de plus et deux bon repas, Loknar l’amena à parler des caravanes de colons pour Fort Thandara.

« - Ah… pour Fort Thandara, c’est pas courant les caravanes pour là bas. Au besoin tu peux allez discuter avec les marchands de peaux du sud, ils en sauront peut être plus. Ils ont leurs étales près de la porte sud justement. Ou alors si tu as de la chance, tu peux tomber sur des gardes de Fort Thandara qui viennent goûter aux plaisirs de notre cité qui est de loin plus accueillante et qui a un meilleur fumé. » gloussa t il les bras grand ouvert oeillant de travers les boissons et les femmes proches de lui.
« - Bien l’ami… mais pour les gardes du Fort, à moins qu’ils portent un uniforme reconnaissable quand il se balade par ici, je ne vois pas comment je pourrai tomber sur eux. Tu n’aurais pas un nom, un lieu à me conseiller ? » répliqua Loknar tout en délaçant le cordon de sa bourse pour en sortir une nouvelle pièce.

« - Bah… je peux peut être en connaître quelques uns. ». Une nouvelle pièce fut ajoutée à sa jumelle et posée sur le comptoir. Ce jeu de marchandage d’information commençait déjà à user le gunderan. La civilisation s’accompagnait elle systématiquement de ce comportement de crevards ? Loknar en venait à en avoir la certitude… L’aubergiste poursuivit.
« - En effet oui… il y a un gars qui passe pas inaperçu, un cimmérien avec une gueule étrange. Il porte un symbole sur sa tunique : une sorte d’oiseau rouge. Tu peux lui causer, il m’a dit qu’il partait vers Fort Thandara et m’a posé des questions sur les dernières rumeurs qui venaient de là bas. »
« - Tu aurais un nom en plus et une explication sur ce que tu appelles étrange. » ajouta le gunderan. L’aubergiste voulu tendit la main et son regard croisa celui de Loknar. Ce qu’il vit dans le regard gris clair de l’ancien soldat lui fit comprendre que le petit jeu d’escroquerie avait déjà prit fin. 2 pièces pour pas grand-chose… ce n’était pas si mal.

« - Mouai : Il s’appelle Solein. Et pour étrange… c’est un cimmérien qui porte du noir partout… on dirait un corbeau sauf qu’il a un visage aussi blanc que la neige… Etrange non ? » Du bruit se faisait entendre à l’extérieur de l’auberge. Comme de bons badauds l’aubergiste et Loknar allèrent à l’ouverture proche voir de quoi il retournait. Un homme sombre au visage de glace se battait pour s’approprier une femme apparemment. Quoi qu’il se passa, cet homme resta seul alors que ses trois attaquants étaient désormais à terre.
« - C’est lui… » ajouta l’aubergiste dans son dos.

Plus qu’impressionnant, l’homme était inquiétant. Et la facilité avec laquelle il avait défait ses adversaires en disait long sur ses capacités. Loknar l’observa tachant de jauger l’homme. La femme qui semblait être le sujet du conflit le connaissait et l’appela par son nom : Soleïn. Loknar décida d’observer l’homme depuis l'arche de l'auberge et de le laisser finir son affaire avec la donzelle. Il le verrait après...

-" Il faut pourtant qu'il vienne..."

Elle se tût, les pensées l'assaillaient, improviser avait dit le Prêtre Alosius, improviser c'est...improviser mais elle ne savait pas improviser. Quelle idée ! Et cette ville était horrible ! La puanteur de tous ces gens ! Le Temple et ses hautes salles de marbres étaient bien loin, la fraîcheur, la blancheur, la pureté. Ces hommes avec leurs sales mains qui l'aggrippaient. Albha fixa quelques instants le visage à la peau si pâle de l'homme qui l'avait secourue. Son attitude n'était pas inquiètante. Il l'avait aidée. Il était redoutable d'après ce qu'elle avait vu, s'il avait désiré abuser d'elle, il l'aurait aisément fait.

Elle serra encore plus fort la cape sur elle, paraissant encore plus menue.
Albha leva son regard clair dans les yeux sombre de Soleïn.

"Je ne sais pas où aller, tu connais une solution pour ce genre de problème. Je n'ai rien d'autre que ce que tu vois."

Le jeune homme resta un temps silencieux, semblant reflechir.

-"Une solution...Oui je peux en avoir. Mais ca n'est pas dit que celà vous plaise trés chère. La premiere, vous laisser ma chambre, avec de quoi la payer un temps certain. la deuxieme... J'ai une demeure loin dans le nord. C'est...Viable, mais ca n'est guère agreable, et pas digne d'une personne comme vous. La troisieme, et qui me semble la meilleur. Je m'en vais vers l'ouest...Dans le Westermarck. Des amis à moi sont la bas. Si vous le désirez ,vous pouvez vous joindre à moi. Je me fais fort de vous installez la bas, et m'occuperai des divers frais. Voici tout ce que je peux vous proposer et que je me ferai une joie de faire...Sauf si vous preferez autre chose."

Albha élimina d'emblée l'installation dans une maison du nord, par Mitra qu'irait-elle faire dans le nord. L'ouest ne serait guère mieux, pas plus que le sud. Elle voulait rentrer à Tarantia quitter cette maudite cité. Mais elle n'avait pas accompli sa mission ici, et pour cause, seul le mercenaire connaissait le nom de la personne à contacter ici, à Tanasul.
Attendre dans une chambre, la solution lui paraissait intéressante, mais si le mercenaire ne réaparaissait pas. Elle revit les hommes qui la touchaient, en ferma les yeux, frissonnante d'horreur, elle n'aurait peut être pas toujours la chance d'être secourue.
Elle regarda intensément Soleïn, il allait partir dans l'ouest, si elle acceptait de le suivre, elle pourrait peut être envoyé un messager à Tarantia, prévenir Alosius , bien qu'on racontât que l'ouest était peu civilisé il devait bien y avoir des caravanes marchandes succeptibles de porter des messages.

Albha pencha la tête .

"Je vais partir dans l'Ouest avec toi, celà me semble la meilleure solution. "

Albha regarda le sol, releva aussiôt les yeux en voyant le bas de sa robe maculée de poussière et du sang devenu brun du jeune Artius. Elle pensa qu'improviser devait ressembler à sa décision prise sur le vif.

Albha acquièsça, regardant la porte de l'auberge d'où elle avait vu refouler tous ces ivrognes paillards.



-" Co...comment c'est à l'intérieur ? Je ne suis jamais entrée dans ce genre de ... Albha agita ses mains, montrant de l'embarras, de l'interrogation. d'établissement...

Après un long soupir elle se mit en marche vers la porte.

-" Co...comment c'est à l'intérieur ? Je ne suis jamais entrée dans ce genre de ... Albha agita ses mains, montrant de l'embarras, de l'interrogation. d'établissement..."

Soleïn laissa echaper un leger rire.


-"C'est le genre d'endroit ou je vous deconseille d'aller seule. Vous auriez de nombreux problèmes. Des paysans..Des ivrognes...Ce genre de chose."

Le jeune homme ouvrit la porte, laissant passer la demoiselle. Elle fit quelques pas dans la salle . Des tables mises en désordre, des pots de fleurs pour faire beau, mais ou les fleurs manquaient, le comptoir au fond, juste a coté des escaliers .Juste à sa gauche, un groupe d'ivrogne, en train de s'insulter mutuellement. Certain d'entre étaient ses agresseurs. Ils sifflèrent en la remarquant.

"hauuue....Tavernier!! T'as...T'as une nouvelle putain...??!! Heeeee gamine...vient me voir..."

Des rires se firent entendre, agrémentés de commentaires salaces, qui s'arretèrent aussitôt Soleïn rentré. Le jeune homme la conduisit à sa chambre. La pièce était propre. Carrée, les seuls meubles étaient un lit, une commode ainsi qu'une baignoire. et toute les affaires déjà rangées.

-"Excusez ces pauvres hères...L'alcool fait dire beaucoup de chose."

D'un bagage, il prit une tunique longue noir, ainsi que des chausses de la même couleur.

-"Essayez ca ma chère...Avec une ceinture, cela devrait aller. Je vous laisse vous changer et vous attend en bas."

Soleïn s'inclina une nouvelle fois, puis laissa la jeune femme seule. Il alla dans la grande salle et se dirigea vers le tavernier.

Depuis la table où elle venait de s’installer dans le fond de l’auberge, Yev dardait sur Loknar un regard fulgurant d’indignation.
Cette andouille n’allait tout de même pas sortir une pièce supplémentaire pour obtenir trois mots de plus du tavernier !?
La main du jeune homme à la chevelure fauve plongea de nouveau dans la bourse, et Yev se dressa d’un bond. C’était son argent aussi !
Elle ravala de justesse un juron indigne d’une demoiselle tandis que lentement la main vide de Loknar ressortait de la pochette de cuir ; Mitra soit loué, il avait fini d’interroger ce fichu aubergiste.

Ce dernier désigna quelqu’un ou quelque chose par la porte ouverte, et l'ancien soldat sembla s'y intéresser.
Qu'est ce qu'il y avait là dehors qui pourrait les aider à rejoindre Fort Thandara ?

La jeune novice abandonna sa table et traversa la salle de sa démarche vive et assurée afin de rejoindre Loknar sur le seuil de la porte d’entrée.
Devant l’auberge, un jeune homme brun entièrement vêtu de noir discutait avec une demoiselle à l’allure fragile ; sa chevelure blonde tressée autour de sa tête soulignait la délicatesse de ses traits.

Maussade, Yev croisa les bras sous les seins et secoua négativement ses cheveux dorés. A première vue ces deux la ne semblaient ni plus âgés, ni plus armés qu’eux même.
Yev leva ses yeux gris vers ceux de Loknar, tout aussi gris.
"- Mon cher frère pense-t-il pouvoir obtenir l’aide de ces gens sans dilapider nos ultimes richesses, mmmh ? Ou bien…"


Quelques minutes plus tard, les deux gunderans étaient attablés devant un bon repas et Yev avait retrouvé une humeur correcte. Loknar surveillait discrètement la montée d’escalier par laquelle le jeune homme en noir et la petite blonde avaient disparu ensemble…

Loknar mangeait ce vrai « repas » avec appétit. La dernière pique de sa sœur ne l’avait guère agacé, question d’habitude mais elle touchait à chaque fois juste dans la fierté du gunderan.

« - La femme n’a pas d’importance. L’homme qui est monté est parait il quelqu’un qui va à Fort Thandara et qui connait bien le chemin. Si l’aubergiste dit vrai, ces pièces auront été bien dépensées. » ajouta t il d’un air narquois.
« - On le laisse faire son affaire et on l’accoste lorsqu’il redescendra. Il sera plus réceptif alors… Idéalement, ce guide ne devra pas nous prendre grand-chose pour nous accompagner. De plus il sait se battre à ce que j’ai pu voir, un combattant de plus ne sera pas de trop pour le chemin qui nous reste à faire. »

Loknar venait juste de finir son plat de viande aux épices lorsque le nommé Soleïn revint dans la grande salle.
Bah ça a été vite fait…

« - J’y vais. » dit il à sa sœur tout en se dirigeant vers l’homme en question. Il se plaça devant lui, à une sorte de distance de courtoisie. Les paroles qu’il prononça par contre étaient directes et simples.

«- Hal Soleïn. Je suis Loknar et j’ai à te parler au sujet de Fort Thandara. Je t’invite à ma table. Viens. ». Joignant le geste à la parole il montra sa table où juste une femme aux cheveux dorés et aux yeux aussi gris que ceux de Loknar terminait son repas sans lâcher des yeux les deux hommes. Loknar la rejoignit.

«- Hal Soleïn. Je suis Loknar et j’ai à te parler au sujet de Fort Thandara. Je t’invite à ma table. Viens. ».

Le jeune homme tourna la tête et regarda l'étranger, un sourcil levé.

-" Ce sont vraiment des paysans" , songea-t'il. Il suivit Loknar à sa table et s'inclina legerement en direction de la jeune femme.

-"Vous vouliez me parler? Peut etre puis je vous être utile en quelque chose.

Soleïn ne semblait pas vouloir s'installer. Il restait debout, les mains croisées derriere le dos.

Albha s'était pressée de suivre Soleïn dans sa chambre, le peu qu'elle vit de l'auberge en pasant fit battre son coeur plus que de raison, elle le suivit front baissé ne regardant personne, c'est tout juste si elle prit conscience du décor, mais elle entendit les clients.

Une fois dans la chambre du jeune homme, elle se sentit plus calme, elle ne bougea pas quand Soleïn sortit les affaires qu'il lui proposait de porter. Elle regarda avec envie la baignoire, mais elle ne savait si elle en avait le temps, de plus commander l'eau lui semblait au dessus de ses forces, elle se contenterait de ce qu'elle trouverait à sa portée.


-"Essayez ça ma chère...Avec une ceinture, cela devrait aller. Je vous laisse vous changer et vous attend en bas."



Albha le regarda quitter la chambre, elle apprécia un instant le calme, appuyée dos à la porte, ses yeux observèrent la pièce carrée, simple et propre le peu d'ornementation et de mobilier ne la dérangèrent nullement, bien au contraire.

Elle étala sur le lit les chausses et la tunique noires, les vêtements posés à plat paraissaient immenses.

Albha retira les deux peignes d'ivoires qui retenaient la tresse ceignant sa tête, d'un geste habitué elle libéra les cheveux de l'épaisse natte , passa ses doigts écartés dans la masse mousseuse et blonde, secoua la tête, la chevelure envahit d'une clarté doré l'espace morne des lieux. Elle en fît une torsade serrée qu'elle enroula sur la nuque, y planta avec force les deux peignes pour les retenir.

Sur la commode elle trouva un pichet d'eau, elle en but quelques gorgées et se lava le visage .
Albha s'approcha du lit et prit une des chausse.

Elle regarda cette pièce vestimentaire d'un air interrogatif, la reposa, s'installa sur le lit pour enlever ses sandales, en délaçant les liens de cuir les larmes montèrent embués ses yeux, puis elle reprit la chausse noire et glissa son pied à l'intérieur, sa jambe flottait dans le tissu. Elle enfila l'autre, se releva, les chausses glissèrent au sol dans un "floc" pitoyable.

Albha soupira, envoya les chausses au fond de la pièce d'un geste rageur, elle retira prestement sa tunique après en avoir délié la ceinture faite d'un très long ruban . Elle mit la tunique noire, serra la taille à l'aide de la ceinture que lui avait donnée Soleïn.

Elle se chaussa à nouveau de ses sandales, la tunique battait sur ses mollets ce serait suffisant, pensa t-elle.
Elle ramassa les chausses les plia consciencieusement et les posa sur le lit.
Albha posa sa tunique de Novice sur la baignoire, elle effleura de sa main le fin tissu blanc.
Elle reprit la cape qu'elle plia la posa sur son bras et sortit de la chambre rejoindre Soleïn....

Loknar observa l’homme devant lui qui ne lui faisait pas la politesse de s’assoir à sa table.

Il nous prend de haut…

« - Tu sembles pressé alors je ferai court : ma sœur et moi souhaitons rejoindre Fort Thandara pour s’établir là bas en tant que colons. L’aubergiste dit que tu connais la route et que tu vas là bas. Pouvons nous t’accompagner et profiter de ta connaissance de la région pour arriver à bon port ? »

Soleïn reflechit un moment. Il regarda Loknar, puis la "soeur."

-" A prioris je suis d'accord. Mais une jeune personne m'accompagne déjà dans la Westermarck. Si elle est d'accord aussi, vous êtes les..Bienvenus. Je suis Soleïn...Mais vous le saviez déjà.

Alors que Albha descendait les marches, le jeune homme se retourna.

-"Justement la voila."

Il s'approcha d'elle en souriant et lui parla à voix basse.

-"Cette tenue vous va à ravir. Je vous invite à garder ma cape. Elle vous tiendra chaud. Autre chose, les deux personnes derriere moi - il montra Yev et Loknar - veulent nous accompagner. Je vous laisse le soin de décider ma chère.

Albha se tenait humblement près de Soleïn, pendant qu'il parlait au couple, elle les observait discrètement en penchant la tête derrière la haute stature du jeune homme, aussi quand il lui demanda s'ils pouvaient les accompagner elle ne pût que dire.


-"Oui, bien sûr je n'y vois aucun inconvénient bien au contraire. "


Albha glissa un regard circulaire dans toute la taverne, dernier espoir de voir apparaître la silhouette massive du mercenaire engagé par Alosius avant de quitter Tanasul pour les régions sauvages de l'Ouest.

-"Bien d'accord Si vous voulez bien me suivre."

En passant , il interpella Yev et Loknar.

-"Nous allons aux écuries. Rejoignez nous la. Nous partirons juste aprés, je vous menerai en Westermarck."

Il y alla avec Albha à la cavalerie et se dirigea vers une stale. La se trouvait un cheval noir, arborant trois balzanes.

-"Albha..Je vous presente Fizaple... - Il l'invita à s'approcher - "Vous verrez...Il est trés gentil.

Se retournant, il reinstalla sa cape sur les épaules de la jeune femme et la ferma convenablement.

-"Vous êtes toujours bien sur de vouloir m'accompagner?"

C'était la première fois qu'Albha entrait dans des écruries, ses narines frémirent à l'odeur des bêtes et du foin, elle ne trouva pas celà désagréable, mais c'était surprenant.

Elle s'approcha sans crainte de Fizaple, mais ne le toucha pas, se contentant de l'observer un certain temps avant de répondre à Soleïn.

-" Je crains que mon champ d'action soit assez réduit....restez en ville avec ces....ces gens des tavernes qui son odieux , c'est hors de mes forces, je crains ne pas être une aventurière....venir avec toi et ce couple , va me permettre de réflechir.

De....d'improviser...voilà improviser....tu aimes improviser ?

Soleïn pansa rapidement son cheval et installa le bridon et la selle. Sur ceux la aussi figuraient l'emblème du griffon.

-Nos deux...Compagnons de voyage vont bientôt arriver. J'espere qu'il ne poseront pas de problème.

Le jeune homme laissa fizape sortir de la salle et invita Albha à venir, l'aidant a monter.

-"Vous savez, je ne suis pas un aventurier non plus. Loin s'en faut. Mais si jamais vous changez d'avis et que vous avez besoin, je pourrai vous raccompagner autre part.

Il reajusta les étriers à la bonne hauteur et ressangla le cheval. Mécontent, ce dernier gonfla son ventre avant de s'ébrouer avec force. Souriant legerement, Soleïn regarda la réaction de la femme.