Le retour en Westermarck

Alors qu'ils avançaient tranquillement, un bruit sourd se fit entendre, suivit d'un ricanement. Cinq hommes se firent voir sur le chemin.

-"vous allez me donner votre argent...et les femmes..Vont passer un moment avec nous...Sinon...

Des rires salaces émergèrent des buissons. Visiblement, les cinq n'étais pas seul. Soleïn fit faire un tour rapide à son cheval. Une quinzaine de pillards. Le jeune homme éclata de rire.

-" Quinze contre quatre...Quel courage..Vous n'avez pas peur de d'être en sous nombre? Je vous trouve bien téméraire..."

"Hein? De quoi? Il dit quoi le blafard??!!"

Soleïn semblait s'amuser plus qu'autre chose.

-"Il dit qu'il te laisse le choix. Ou tu nous laisse passer, ou il t'arrache la langue..Tu fais trop de bruit à mon gout."

L'homme dégaina son épée.

" Tu veux que ta mignone fasse des prières pour toi? avant que je la viole?!"

Ne répondant rien, Soleïn se pencha en avant, regardant Albha, avant de jeter un oeil à ses autres compagnons.

L'agitation et les voix supplémentaires tirèrent du sommeil Albha, tellement effrayée qu'elle ouvrit la bouche pour hurler mais qu'aucun son ne réussit à sortir, elle s'aggrippa aux rênes du cheval de toutes ses forces.


Elle s'assura que ses compagnons étaient sains et saufs d'un regard affolé ...les paroles des agresseurs résonnaient dans sa tête .

Elle réussit à articuler .



-"Qui sont ces hommes ? "

« Je crains que prier Mitra ne suffira pas à nous protéger pendant ce voyage. Ni même là ou nous allons... » prononça Soleïn.
Yev, désabusée, leva les yeux au ciel mais ne dit rien. Elle était habituée ; dans son village, de nombreuses personnes priaient obstinément Bori, voir pire… bien pire.

Ce Soleïn ne doutait décidément de rien : « Oui. Mais n'ayez crainte. Tant que je serai la, il ne vous arrivera rien, vous avez ma parole.»
Yev, toujours le nez en l’air, eut un rire silencieux à l’intention des nuages qui voguaient sereinement dans le ciel du Westermarck.
Ah les hommes…

Soudain la sérénité laissa place au qui-vive ; les quatres compagnons se retrouverent encerclés par une bande de pillards, réclamant bien classiquement sexe et argent.
Soleïn jetait un œil à ses camarades de route dans leur charrette, et Loknar tirait lentement l’épée au clair. Yev supposa que ces
deux là penchaient pour une solution belliqueuse à cet épineux problème. Ah les hommes !…
Mais de toute évidence les voleurs, armés chacun d'une épée courte, étaient trop nombreux pour être combattu avec succès. A première vue, aucun ne semblait posséder d’armes de jet ou de cheval…

La jeune Gunderane eut alors une réaction assez inattendue.

"- Bon ! Je me dévoue !" annonça t’elle en se levant. Et elle retroussa à deux mains sa robe jusqu’aux cuisses, qu’elle avait fort appétissantes. Comme quelques sifflements enthousiastes se faisaient entendre, la demoiselle s’élança à l’avant de la charrette, prenant appuie d’un pied sur le rebord de celle-ci, elle bondit sur le dos du percheron qui la tirait.

"C’est parti !" cria t-elle.

Loknar, voyant cela, sauta aussitôt derrière sa sœur et trancha les liens qui retenaient la charrette. Le cheval se cabra légèrement et s’élança au grand galop droit devant, culbutant quelques pillards au passage.

Alors que Loknar et Yev passaient en force, renversant des pillards , un son de corne se fit entendre. Paniquant, un des hommes, armé d'une lance, la propulsa sur Soleïn. Traversé de part en part, il tomba sur le sol. Sa monture, sous le choc se cabra .
Le jeune homme, mort en tout logique, se mit à genoux avant de se débarasser de sa lance. Dégainant rapidement ses épées, il sauta sur ses pieds, avant de se retrouver au milieu des brigands. Déjà, les premiers tombèrent. Alors que d'autres se jetèrent sur Soleïn, ils n'avaient pas fini de brandir leurs armes qu'ils retombèrent..morts. En à peine une minute, un cadavre venait de tuer huit hommes. Visiblement, l'homme en noir était quelque peu énérvé. Il fondit sur le troisième groupe, les envoyants dans les limbes.

Puis, esquissant un sourire, il se tourna vers le "chef".


-"Je t'avais dit de nous laisser passer..."

Un nouvel éclair d'argent, et l'homme tomba au sol.

Gardant ses armes en mains , il se retourna , regardant vers l'endroit ou avait surgit le son voyant un cavalier arriver. Marchant doucement en arrière, il se rapprocha de sa monture.

Agrippée de toutes ses forces au cheval qui regimbait devant cette agitation, Albha regarda la scène complètement tétanisée, incapable de bouger ou de crier .

Quand Soleïn revint vers le cheval, Albha balaya du regard les alentours ce n'était que sang et cadavres elle fixa alors le jeune homme ne put s'empêcher de lui demander.

-"Soleïn, qui es- tu ?"

Soleïn regarda Albha.

-Je ne suis pas quelqu'un d'interessant.Désolé pour ce leger contretemps.

- " Je m'appelle Deedar, j'espère ne pas vous avoir effrayé. Je vais au Fort Thandara puis-je me joindre à vous ? "

Le jeune homme en noir leva un sourcil.

-"Effrayé...non. Et je ne peux vous empecher de nous suivre, à part en vous tuant. Et je n'en ai pas spécialement envie. Vous pouvez donc venir avec nous. Tant que vous resterez...Amical, nous le resteront aussi. Je suis Soleïn. J'imagine que c'est vous que mon cheval sentait. Il n'aime pas être suivit par un autre cheval."

Il laissa tomber ses armes dans ses ranges et remonta à cheval. Juste à coté de lui, Albha vit la tunique déchiré des deux cotés et un peu de sang, preuve que la lance avait bien traversé le jeune homme.

-"suivez nous, nous allons rejoindre les autres." - Puis, se penchant a coté de l'oreille d'Albha - "Ca va aller?" murmura t-il

Soleïn ne répondit rien, mais n'en pensait pas loin. "Deedar" était probablement un homme aussi dangereux que menteur.
Il menait son cheval au pas, retournant tranquillement rejoindre Yev et Loknar. Les trois cavaliers les retrouvèrent au détours d'un chemin.

-"Yev, loknar, voici Deedar. Il va nous suivre...pour le moment. Vous n'avez rien ?"

Albha fit tous les efforts du monde pour ne pas se mettre à hurler et courir à toutes jambes vers la ville qu'elle trouvait horrible aussi. De toute façon elle ignorait où elle se trouvait, elle arriva à répondre avec un certain stoïcisme.

-"Oui, ça va...ça va.!

Le jeune homme rigola doucement. Il parlât à voix basse.

-" Ne vous inquietez pas. Je vous expliquerai. C'est trés simple à comprendre finalement..Et pas si surprenant que ca.

Puis haussant la voix.

-"Nous feront bientôt une halte. Le soleil devrait se lever bientôt et une grotte n'est pas loin. Nous repartirons aprés le crépuscule.

Talonant son cheval, il le remit au pas.

Yev et Loknar n’avaient pu s’empêcher de regarder en arrière en entendant les cris de terreur de leurs assaillants. Et la scène qu’ils virent les figea sur place… Ce spectacle n’était pas de ce monde… comment un homme mortellement blessé pouvait massacrer de la sorte toute une troupe d’homme en arme ? Comment pouvait il ne serait ce que tenir debout ? Quel sombre apprentissage permettait à cet homme de passer outre la mortalité de sa race ? Mieux valait ne pas trop s’approcher de ce combat… mieux valait ne pas trop s’approcher de cette « créature » dont les gunderans ne comprenaient pas la nature.
Dans les derniers moments de l’affrontement, un individu fit son apparition et accosta le phénomène avec circonspection. Yev et Loknar ne pouvaient entendre la conversation mais observaient avec surprise la nonchalance de leurs échanges, comme deux voyageurs en train de baguenauder. Finalement ils se dirigèrent vers eux. Les gunderans s’observèrent cherchant dans les yeux gris acier de l’autre un avis sur la situation.

« - Il nous faudra faire avec… nous n’avons pas le choix. Et il faut admettre que nous ne pourrons pas nous sortir de chaque rencontre de cette façon, seuls. » affirma l’homme.
« - D’accord mais il est hors de question qu’aucun de nous deux ne reste seul avec lui ou que nous dormions tous les deux en même temps. » renchérit la femme.
« - Cela va de soit… espérons seulement que nous n’allions pas jusqu’à l’affrontement. »
« - Par Mitra, il faudra tôt ou tard que j’en ai le cœur net sur sa nature. »
L’homme opina du chef et dirigea le cheval vers le chariot. Une fois des réparations de fortune faite sur les attaches du cheval, ils reprirent la route non sans avoir saluer sommairement l’étranger qui les avait désormais rejoints.

Les deux gunderans se retrouvaient de nouveau à n’avoir confiance qu’en eux.

Aprés un temps de marche, le groupe arriva prés d'une grotte. A l'horizon, le soleil commençait à pointer. Sans dire mot, le cavalier entra dans la caverne. Aprés avoit fait descendre Albha, il sauta à terre. Prenant des affaires dans ses sacoches, il confectionna un matelat de fortune ainsi qu'un oreiller. Puis regardant la jeune femme.

-" Si vous voulez dormir... Cela vous fera du bien. Nous avons une longue route à faire cette nuit."

Il prépara un feu, et sortie un peu de nourriture, faisant signe au groupe de venir se restaurer. Lui alla seul dans un coin, suivit de son cheval, bien à l'ecart du groupe. Il retira son tabard et le regarda. Un eclair de tristesse traversa son regard, puis il le plia doucement. Le remettant dans une sacoche, il prit dans cette derniere une armure de cuir noir, semblant finement ciselée. Il s'en équipa. Puis il s'installa contre la parois, en tailleur, les bras croisés, les yeux mi-clos.

Le temps se passait lentement. Le soleil s'était déjà levé depuis longtemps, et le jeune homme semblait se désinteresser de tout ce qui l'entourait. Depuis leur arrivée , il restait la, sans bouger, attendant que la nuit arrive pour reprendre le chemin. Plus que quelques heures , et le temps viendrait