Les débuts d'un Pionnier
Ceux qu'on allait appeler Pionniers ont bravement quitté leurs terres natales pour s'installer dans des terres boisées étrangères, hostiles, et non civilisées, pour vivre de leur agriculture. Il n'y a pas de grandes villes et il n'y a qu'un gouvernement minimal, pour autant qu'il y en ait un. Beaucoup ont laissé derrière eux des familles, ou au moins une familiarité pour voyager vers l'Ouest, ne sachant pas exactement ce qu'ils y trouveraient, ni même où cela les conduirait.
Les familles seraient envoyées plus tard, après que ces optimistes pionniers aient trouvé un lopin de terre où s'établir. Ces pionniers de la première heure ont reçu des promesses de terres gratuites, de fiefs cédés par les barons, s'ils y venaient, y vivaient et y travaillaient pour une période d'au moins cinq ans.
A leur arrivée, les émigrants devaient choisir un site pour leurs maisons, une tâche qui est devenue de plus en plus problématique comme de plus en plus de colons arrivaient. Déjà lors des évènements décrits dans
Au delà de la Rivière Noire, Conan avait remarqué que les meilleures terres de la Conajohara avaient déjà été occupées.
Dés qu'un site était choisi, l'homme des frontières devait tailler dans la forêt oppressante pour construire sa cabane, et déboiser une partie du terrain aux alentours pour y commencer une agriculture de subsistance et construire des barrières pour contenir le bétail. Ceci a pris des semaines de travail intensif, à la sueur de leurs fronts.
Les premiers pionniers n'avaient que les outils les plus rudimentaires. La maison, normalement de 6m sur 8m, devait être faite sur mesure. Les troncs devaient être coupés à la bonne longueur, élagués, puis travaillés à l'herminette. Les bords aplanis à l'herminette devenaient les planchers et les murs intérieurs. D'épais chevrons supportaient des toits de planches rugueuses. Les maisons n'étaient habituellement que d'un étage, mais comprenaient souvent un attique où dormaient les membres de la famille. Les toits étaient construits en extension par rapport aux murs, de telle sorte que l'eau de pluie tombait loin de la maison, et qu'ils forment une protection contre le soleil, empêchant la maison de surchauffer en été. Les foyers et cheminées, étaient construits de branches et recouverts d'une épaisse couche de glaise sombre. Les fenêtres étaient le plus souvent juste des portes coulissantes taillées dans les murs, d'ordinaire sans vitres. Les portes faites d'épaisses planches, étaient pendues à des charnières de cuir ou de bois. Des peaux d'animal colmataient parfois les portes et les fenêtres durant l'hiver pour éviter un maximum de déperditions de chaleur.
Les hommes des frontières ont du aussi assembler grossièrement des meubles. Les tables, les chaises et les lits, trop lourds pour avoir pu être amenés, étaient construits en même temps que la maison. La mousse des arbres était rassemblée et utilisée pour rembourrer les matelas cousus par les femmes, tandis que les peaux et fourrures servaient de couvertures.
Une fois la maison bâtie, le terrain doit être défriché pour l'agriculture et la paisse. Les colons les plus riches construisent même des entrepôts, des remises et des quartiers aux esclaves, mais la plupart se contentent de tracer de grossières palissades pour le bétail. Les besoins les plus élémentaire devaient être constamment préparés avec soin, des besoins souvent tenus pour acquis dans les provinces orientales. S'habiller, par exemple, était un problème, parce que le tissu dans le Westermarck est cher et difficile à trouver. Les bottes s'abîmaient aussi rapidement et étaient tout aussi difficiles à remplacer. Le savon, le thé et les médicaments doivent être fabriqués de matériaux locaux et même la protection élémentaire du foyer n'est plus du ressort d'un seigneur ou d'un baron. Il est du devoir de chaque homme, femme et enfant qui s'installe dans le Westermarck, que ce soit dans les terres les plus anciennes du Conawaga, ou dans les terres nouvellement réclamées de la Thandara, d'apprendre quelque niveau en auto-suffisance.
La vie sur la frontière, bien qu'elle soit idéalisée dans les grandes cités d'Aquilonie, n'a jamais été facile ni enviable. Froides, humides et sombres, faites de matériaux rudes, les maisons ne sont pas confortables pour l'hédoniste Aquilonien. Le danger omniprésent d'attaque ou de kidnapping par des partis de guerre Pictes rend même le sommeil malaisé, et les Pictes ne sont pas le seul danger.